Une année après le «froid» diplomatique, dû à l’épisode fâcheux de la convocation le 14 février 2014 du patron de la DGST Abdellatif Hammouchi, Rabat et Paris se remettent à se «tutoyer». Hasard du calendrier, c’est un 14 février que Paris dépêche à Rabat son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour tenter une décrispation des relations.
Pari réussi. Il ne pouvait en être autrement, puisque, quelques jours plutôt, une rencontre au sommet a réuni, à l’Elysée, le roi Mohammed VI et le président François Hollande. Les deux grands chefs d’Etat ont décidé de solder la brouille, mieux, ont convenu d’ «un programme intense de visites ministérielles» pour préparer une «prochaine réunion de haut niveau» entre leurs deux gouvernements.
C’est chose faite. La Haute commission mixte se réunit fin mai 2015 à Paris, parallèlement au Forum de Paris ayant réuni les patronats des deux pays, CGEM et Medef.
Point d’orgue de cette reprise, la visite «de travail et d’amitié» qu’effectuera le président Hollande, samedi 19 et dimanche 20 septembre à Tanger, pour poser avec le roi Mohammed VI les termes d’une «nouvelle phase de partenariat».
Voilà, la formule est lâchée. En effet, les relations franco-marocaines sont déjà entrées dans une nouvelle ère prometteuse. Premier indice de cette « nouvelle phase de partenariat », et il n’est pas des moindres. «Nous avons une volonté commune d’agir en Afrique et également de lutter contre le terrorisme, qui reste notre plus grande priorité».
Vous avez bien lu : «volonté commune d’agir en Afrique». Une reconnaissance claire et nette du rôle clef joué par le royaume du Maroc sur un continent qui était jusqu’il y a peu considéré comme étant une «chasse gardée» de l’ancien colon français. Le président Hollande, auteur de cet acte de reconnaissance, accepte de facto de traiter «d’égal à égal» avec le Maroc pour «agir en Afrique», donnant ainsi son plein contenu à son plaidoyer pour «une nouvelle phase de partenariat».
Le leadership africain du royaume du Maroc, traduit par la tournée historique effectuée mi-2015 par le souverain Mohammed VI en Afrique de l’Ouest, est désormais une réalité. Il est attesté par les grandes puissances de ce monde, à leur tête les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, pour ne pas parler de France, entre autres capitales européennes.
S’agissant de la lutte antiterroriste, cheval de Troie de l’Occident comme de la Russie, il va de soi que le Maroc a son mot à dire. Le royaume peut se prévaloir d’avoir l’une des meilleures stratégies au monde pour y faire face. Le rôle clef joué par ses services sur ce terrain-là a forcé sinon l’admiration, du moins l'estime de la communauté internationale. Que Rabat soit maintenant un passage obligé pour ceux qui veulent se prémunir contre ce «mal du siècle» (terrorisme), ce n’est pas le fruit du hasard.
De Paris à Madrid, en passant par Rome ou encore Bonn, partout le même vœu de bénéficier de l’expérience atypique que se sont forgée les services marocains dans la lutte antiterroriste. Et pas seulement … Car le modèle religieux mis en place par le royaume pour combattre les idées extrémistes est déjà fort prisé et demandé par l’Occident, tout comme les pays africains intéressés par la formation de leurs imams à l’Institut Mohammed VI inauguré en cette même année 2015.
En un mot comme en mille, l’effort a fini par payer. La patience, aussi. Qui a dit que le génie est une longue patience ?