Représentation politique des MDM: où en est-on?

Le Parlement marocain.

Le Parlement marocain.. AFP or licensors

Revue de presseAlors qu’ils représentent près de 10% de la population, les Marocains résidant à l’étranger peinent encore à peser politiquement. Si le gouvernement reconduit l’obligation pour les partis de réserver une place de choix aux femmes de la diaspora, beaucoup dénoncent une mesure avant tout symbolique, loin d’une véritable représentation. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Jeune Afrique.

Le 15/07/2025 à 18h23

C’est une nouvelle étape pour renforcer la représentativité des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au sein du Parlement.

À partir des prochaines élections, chaque parti politique devra obligatoirement placer une femme issue de la diaspora en tête d’au moins une de ses listes électorales régionales. C’est ce que relève le magazine Jeune Afrique, indiquant que faute de quoi, il perdra une partie de son financement public. Une mesure incitative, déjà introduite en 2021, qui sera reconduite en 2026, écrit-on.

L’annonce a été faite par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, dans une réponse écrite adressée au conseiller parlementaire Khalid Setti, de l’Union nationale du travail au Maroc (UNMT).

L’objectif affiché est d’inciter davantage les MRE à participer à la vie politique nationale. Leur nombre est estimé à environ 6,5 millions, soit entre 8 et 10% de la population.

En théorie, les MRE disposent déjà du droit de vote et d’éligibilité, garanti par la Constitution, rappelle Jeune Afrique.

Mais faute de scrutin à distance, ils ne peuvent voter qu’en se déplaçant au Maroc ou par procuration depuis l’étranger. Quant à se présenter aux élections, rien ne les empêche de figurer sur les listes nationales, mais aucune circonscription spécifique ne leur est réservée.

«Des incitations financières conséquentes ont été mises en place pour encourager l’intégration de candidats MRE», rappelle Abdelouafi Laftit, tout en appelant les partis à «jouer leur rôle central» en positionnant ces profils en tête de liste pour garantir leur élection.

Mais, sur le terrain, l’impact réel de ces mesures reste sujet à débat, remarque Jeune Afrique.

Sabri Lhou, avocat au barreau de Meknès et spécialiste du droit de la migration, pointe les limites du dispositif. «Tant qu’il n’y a pas de sanction légale stricte, cette obligation restera symbolique», a-t-il déclaré, cité par le magazine.

S’il salue l’initiative comme une forme de discrimination positive, il estime qu’elle reste en deçà des ambitions royales de 2006, qui prévoyaient la création de véritables circonscriptions pour la diaspora.

Pour Me Lhou, seule une représentation institutionnelle forte à l’étranger permettrait une inclusion politique réelle des MRE, bien au-delà de leur seul rôle économique via les transferts de fonds. «Les MRE ne sont pas des chiffres, ce sont des citoyens», a-t-il martelé.

Autre paradoxe relevé par le juriste, «dans bien des cas, les pays d’accueil intègrent mieux nos ressortissants que le Maroc lui-même».

Il salue des initiatives comme le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), mais les juge «insuffisantes» pour refléter une véritable participation démocratique.

Quant à la sincérité des partis, Me Lhou reste sceptique: «Beaucoup appliquent ces mesures pour toucher des subventions, sans réelle volonté d’accorder une place politique aux MRE», dit-il.

Il redoute une stratégie de façade, où quotas féminins et quotas MRE serviraient surtout à maquiller un manque de volonté de changement.

Pour lui, le vrai tournant réside dans la volonté de passer des paroles aux actes.

«Si l’on veut une démocratie inclusive, il faut passer de la simple opportunité au droit effectif».

Faute de quoi, la diaspora continuera de peser économiquement, sans jamais vraiment peser politiquement.

Par La rédaction
Le 15/07/2025 à 18h23