Les ennuis judiciaires de l’ancien maire de Marrakech, le PJDiste Mohamed Larbi Belcaid, ne sont pas près de s’arrêter. La Chambre criminelle en charge des crimes financiers à la Cour d’appel de Marrakech vient de reporter le procès dans lequel il est poursuivi, avec un de ses vice-présidents, pour dilapidation de deniers publics.
Ce sont Al Ahdath Al Maghribia et Al Akhbar qui rapportent, dans leurs numéros du vendredi 25 février, les détails de la séance durant laquelle ce report a été décidé. Cette dernière a connu, et ce n’était pas forcément le cas dans toutes les précédentes séances, la présence des accusés et de leurs défenses. Ils ont été questionnés sur les marchés publics qu’ils ont conclus dans le cadre de l’organisation par la ville ocre de la COP22, marchés qui sont entachés de soupçons d’irrégularités. Dans leurs réponses, les représentants de la défense ont alors demandé à la Cour d’appeler à la barre l’ancien wali de Marrakech, Abdelfattah Bjioui. Ce dernier serait, selon les accusés, celui qui a demandé au Conseil de la ville que présidait l’ancien maire PJDiste de conclure des marchés de gré à gré dans le cadre des préparatifs de la COP22.
D’après les deux journaux, cette demande a provoqué des tensions lors de la séance, puisque les représentants du parquet et de la partie civile l’ont refusée, arguant que la correspondance de l’ancien wali est connue de tous et ne nécessite pas d'être entendue dans le cadre de ce procès.
Face à ce désaccord entre les parties, ajoutent les mêmes sources, le président de la séance a décidé de reporter le procès au 17 mars, en attendant de trancher sur la demande de la défense.
En attendant, des observateurs font remarquer qu’il pourrait s’agir là d’une stratégie de la défense pour faire pression sur la Cour en impliquant l’ancien wali. En effet, souligne Al Akhbar, ce n’est pas la première fois qu’une tentative d’impliquer Abdelfattah Bjioui dans ce procès est faite par la défense de Mohamed Larbi Belcaid. Mais une correspondance officielle où la mairie est appelée à s’activer pour achever des chantiers qui ont pris du retard suffit-elle à impliquer l’ancien wali dans ce procès? La question reste posée.
Pour rappel, cette affaire avait éclaté lorsque le Conseil national de l’Association marocaine de défense des droits de l’Homme au Maroc avait déposé une plainte en 2017, réclamant une enquête judiciaire au sujet d’une cinquantaine de marchés publics négociés par la mairie de Marrakech dans le cadre de l’organisation de la COP 22. Ils auraient coûté plus de 280 millions de dirhams et sont entachés de soupçons d’irrégularités qui impliquent l’ancien maire PJDiste, mais aussi son premier vice-président de l’époque, Younes Benslimane.