À l’approche des échéances électorales de 2026, le débat sur la réforme de la législation électorale s’est intensifié, impliquant aussi bien les partis représentés au Parlement que ceux restés en marge, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 15 septembre.
Dans ce contexte, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a adressé à la ministre de l’Intérieur une note officielle contenant une série de propositions visant à corriger ce qu’il considère comme des failles ayant affecté la transparence et la représentativité lors des élections de septembre 2021.
Le PJD insiste sur l’importance de rétablir la confiance dans les institutions représentatives, pointant notamment l’usage du quotient électoral calculé sur la base des électeurs inscrits plutôt que des voix valides.
Selon le parti, ce mécanisme aurait favorisé les petites formations politiques au détriment des partis bénéficiant d’un large soutien populaire. Il propose donc de revenir au calcul basé sur les voix correctes, afin de garantir une juste représentation et de lier la légitimité des élus à la participation effective des citoyens, a-t-on lu.
Par ailleurs, le PJD plaide pour un ajustement du seuil électoral afin de limiter la fragmentation de la carte politique, la mise en place d’un contrôle strict du financement électoral pour lutter contre l’usage de l’argent dans les campagnes, ainsi qu’une refonte des listes électorales via la numérisation et leur corrélation avec les bases de données nationales pour prévenir toute manipulation.
Le parti insiste également sur l’intégration équilibrée des jeunes et des femmes, dépassant le simple quota pour favoriser un réel mérite et compétitivité dans les circonscriptions locales.
Dans le domaine des campagnes électorales, la note souligne la nécessité d’encadrer la communication digitale, aujourd’hui centrale dans la formation de l’opinion publique, par la mise en place d’un code spécifique de la propagande numérique fixant règles et sanctions, écrit Al Akhbar.
Les observateurs estiment que ces propositions traduisent la volonté du PJD de reprendre l’initiative politique après sa défaite de 2021, où il est passé de la tête du gouvernement à une position minoritaire dans l’opposition.
En parallèle, le Mouvement Populaire (MP) a soumis sa propre note, adoptant une approche opposée sur plusieurs points clés, note le quotidien. Le parti défend le maintien du quotient électoral actuel basé sur le nombre d’inscrits, qu’il considère comme garant du pluralisme et de l’équilibre entre les composantes politiques du Parlement.
Il plaide également pour la stabilité du mode de scrutin et pour l’utilisation des résultats du recensement de 2024 afin de redéfinir les circonscriptions électorales tout en préservant la dimension régionale et la représentativité spatiale.
Le MP propose également des mesures pour renforcer la déontologie électorale: interdiction du cumul des mandats parlementaires avec des postes exécutifs locaux ou dans d’autres institutions constitutionnelles, instauration du registre automatique pour les majeurs de 18 ans détenteurs de la carte d’identité nationale, et encadrement strict de l’usage des aides publiques et privées pendant l’année précédant les élections.
Il suggère aussi de confier à la justice des pouvoirs élargis pour superviser toutes les étapes du processus électoral, de l’inscription sur les listes à l’annonce des résultats et des recours, a-t-on encore lu.
Ces deux approches, parfois convergentes sur la transparence et la lutte contre la fraude, divergent profondément sur les mécanismes du quotient électoral et sur l’ampleur des réformes à entreprendre.
Le défi pour le ministère de l’Intérieur sera de concilier ces visions divergentes afin de proposer une réforme globale qui tienne compte à la fois de la légitimité démocratique, du pluralisme politique et de la stabilité institutionnelle, conformément aux directives royales appelant à des élections transparentes et crédibles en 2026.
Ainsi, le débat électoral dépasse le simple cadre technique et juridique. Il reflète les enjeux de pouvoir, la stratégie des partis et les équilibres institutionnels qui façonneront politiquement le Royaume dans les prochaines années.








