Voilà maintenant plus de quatre mois que les projets de loi relatifs à la réforme de la retraite sont bloqués à la deuxième Chambre. La commission des Finances a encore une fois tenté d’ouvrir l’examen de ces textes, vendredi 13 mai, mais n'y est pas parvenue.
Les représentants des syndicats à la Chambre ont empêché les ministres de la Fonction publique et du Budget de prendre la parole, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce week-end des 14 et 15 mai.
Un conseiller de la CDT a même accusé le gouvernement de manquer d’éthique et de recourir au travail de coulisses. Ce qui a été considéré par le ministre de la Fonction publique, Mohamed Moubdiî (MP), comme une «atteinte à la dignité des institutions dans le cadre d’une session constitutionnelle», poursuit le journal.
Le président de la commission, l’istiqlalien Rahhal Makkaoui, s’est bien démené pour faire avancer les travaux de la commission en réussissant tout de même à donner la parole au ministre pour présenter les textes, étape préalable aux débats. Mais, dès que celui-ci a pris la parole, un brouhaha alimenté par les interventions tapageuses des syndicalistes de la CDT et de l’UMT l’en a empêché. Suite à quoi, le président de la commission a été contraint de lever la séance, précisant qu’il allait soumettre un rapport au président de la Chambre sur les difficultés dans lesquelles se retrouve la commission pour poursuivre ses travaux.
Le ministre chargé du Budget, Driss El Azami (PJD), a confié au journal, à l’issue de cette réunion avortée, que les syndicats ne cessent d’entraver le débat du projet de réforme de la retraite. Cela fait quatre mois, dit-il, que le gouvernement a soumis les textes de réforme à la deuxième Chambre et il se retrouve, aujourd’hui, devant la responsabilité d’achever ce chantier dont dépend le sort des fonctionnaires. Aussi, assure-t-il, le gouvernement s’est-il décidé à recourir à d’autres mécanismes constitutionnels pour faire aboutir ce projet de réforme.
Selon le journal, qui cite des sources proches de l’Exécutif, le gouvernement doit attendre la réaction du président de la Chambre sur le rapport de la Commission. Selon le règlement intérieur de la Chambre, le président dispose de deux alternatives: accorder un nouveau délai à la commission pour relancer le débat du projet, ce qui revient à en retarder davantage l’examen et le vote, ou soumettre les textes au vote, donc à l’adoption ou au rejet, directement en séance plénière sans passer par l’examen en commission.
Le gouvernement dispose, pour sa part, d’une marge de manœuvre qui lui permet de contourner ce blocage. Ainsi, il peut tout simplement retirer ces projets de textes de la deuxième Chambre et les soumettre pour examen et adoption à la Chambre des représentants dans laquelle il dispose d’une majorité confortable.
Le PJD estime, par la voix de son conseiller et membre du secrétariat national, Abdelali Hamieddine, cité par le journal, que cet incident à la deuxième Chambre reflète une crise politique à proprement parler. Une crise qui trouve son origine dans le dénigrement, par certains, de la Constitution, du Parlement et de son règlement interne, ainsi que du gouvernement.