«Le renouvellement périodique de cette opération constitue un choix judicieux qui nous permet d’être mieux armés pour saisir avec justesse l’évolution démographique et socio-économique du pays, anticiper les besoins changeants de nos citoyens et élaborer des politiques pertinentes en conséquence», avait souligné le Roi Mohammed VI dans la lettre adressée au Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au sujet du recensement.
En outre, rappelle l’hebdomadaire La Vie éco dans sa dernière livraison, il s’agit d’«une opération qui, par la multitude et l’importance des données et des indicateurs qu’elle génère, constitue une aide précieuse à la concrétisation de notre projet de société et au bon déploiement de notre modèle de développement, bâtis sur les principes de démocratie politique, d’efficacité économique, de développement humain et de cohésion sociale et territoriale».
Après le rappel de ce cadrage, l’hebdomadaire s’est interrogé sur le rôle de la sociologie et des sociologues pour mieux exploiter les données recueillies. A ce propos, l’hebdomadaire a donné la parole aux sociologues marocains et consulté les écrits des sociologues étrangers sur le Maroc.
Pour Soumaya Naamane Guessous, sociologue de renom et chroniqueuse, «les sociologues sont rarissimes! Ceux et celles qui portent ce titre ne font pas d’enquêtes, de recherches et ne publient que rarement. Ce qui est regrettable».
Bouchaib Majdoul, sociologue et professeur à l’université Ibn Zohr d’Agadir, qui collabore avec le ministère de la Santé, a fait savoir que «les politiques publiques sont en grande partie basées sur les résultats des études en sciences sociales».
Pour Jamal Khalil, sociologue et professeur émérite à l’Université Hassan II Aïn Chock Casablanca, «les politiciens partent du principe qu’ils connaissent mieux le terrain et que les sociologues essaient de produire de la connaissance, tout en n’accordant pas beaucoup d’importance à la façon dont elle est utilisée».
Au Maroc, estime Jawad Agdal, professeur de sociologie à l’université Hassan 1er, «entre 1.000 et 1.500 thèses de doctorat auraient été soutenues dans les facultés marocaines mais il n’y a pas d’associations de sociologues pour mettre en place un répertoire». Le ministère de tutelle avait promis de le faire, mais en vain, a-t-il fait remarquer.
La question sociologique, poursuit l’hebdomadaire, a été soulevée dans des recherches étrangères sur le Maroc. Dans ce cadre, rapporte La Vie éco, Shamus Rahman Khan, sociologue américain, avait écrit qu’«une grande partie de ce que nous savons sur les politiques publiques du Maroc est générée dans des contextes qui ne sont pas le Maroc».
Son compatriote Mark Granovetter estime que «le Maroc a une histoire longue et complexe que les études sociologiques peuvent éclairer davantage». Ce qui fait dire à Jamal Khalil qu’«il faut que les sociologues commencent à s’investir dans la société à travers leurs écrits et leurs recherches».