Le président de la deuxième Chambre vient de recevoir une sollicitation bien particulière. Selon le quotidien Al Massae, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 11 juillet, un haut responsable allemand a saisi l’institution parlementaire pour faire pression sur la RAM afin de l’inciter à rapatrier les Marocains installés illégalement en Allemagne. Et ce ne sont pas moins de 3.000 ressortissants marocains qui ont été frappés par un arrêté d’expulsion après le rejet de leur demande d'asile.
Un secrétaire d’Etat parlementaire allemand a ainsi sollicité la deuxième Chambre pour user de son pouvoir afin d’obliger le transporteur national à organiser des vols charter pour rapatrier ces Marocains indésirables sur le sol allemand. Selon des sources parlementaires citées par le journal, la présidence de la première Chambre a également été saisie.
Cette action auprès des deux Chambres intervient au moment où les autorités allemandes sont très préoccupées par l’affluence record des candidats à l’émigration d’origine maghrébine, soit des Marocains, des Algériens et des Tunisiens qui entrent dans le pays par ses frontières avec les pays des Balkans en se mêlant aux réfugiés syriens.
L’Allemagne n’a pas non plus caché son irritation face à ce qu’elle considère comme un refus de coopération des gouvernements de ces trois pays pour le rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière.A noter que le ministre de l’Intérieur, Mohammed Hassad, avait exprimé, lors d’une rencontre tenue en février dernier avec son homologue allemand, la disposition des autorités marocaines à rapatrier les citoyens marocains dont les demandes d’asile ont été refusées, mais par vagues successives. Ainsi, le gouvernement marocain avait proposé de commencer par rapatrier tous les Marocains en situation irrégulière qui ont foulé le sol allemand l’année dernière. Les autres cas seraient traités après.
Selon les statistiques fournies par les autorités allemandes, quelque 2.896 Marocains ont demandé et se sont vu refuser l’asile dans ce pays. Ils ont été rassemblés, avec des ressortissants algériens et tunisiens, dans deux centres d’accueil, en attente de leur extradition. Les trois pays viennent d’ailleurs d’être déclarés par le Parlement allemand (Bundestag) comme «pays sûrs» dont les ressortissants ne peuvent plus prétendre au statut de réfugiés.
Selon d’autres statistiques officielles publiées par le ministère allemand de la migration et arrêtées à la fin de l’année dernière, ce sont près de 10.000 ressortissants marocains qui ont rallié l’Allemagne. Seuls 3,7% d’entre eux ont pu accéder au statut de réfugiés. Globalement, les autorités allemandes ont décidé l’extradition de 18.500 réfugiés qui sont entrés au pays via les territoires européens voisins. Seuls 1.453 réfugiés ont été effectivement refoulés vers les pays voisins, notamment l’Italie, la Pologne et la Hongrie. Ce qui explique cette requête du secrétaire d’Etat parlementaire allemand au Parlement marocain.
A noter qu’un secrétaire d'État parlementaire est chargé de soutenir politiquement un ministre fédéral dans l'accomplissement de ses obligations parlementaires et de le représenter au Bundestag (Parlement allemand).