Ramtane Lamamra brasse du vent en démentant une médiation saoudienne que le Maroc n’a pas sollicitée

Le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra.

Le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra. . DR

Mais qui a parlé de médiation saoudienne entre Rabat et Alger? Alors qu’aucune source marocaine n’a évoqué ce sujet, le régime algérien fait beaucoup de bruit à partir du néant. Le chef de la diplomatie algérienne s’est lancé dans un surprenant monologue contre le Royaume, ce qui traduit le dépit de son pays.

Le 22/05/2022 à 16h31

Le ministre algérien des Affaires étrangères, qui s’est fait auparavant baliser la voie par la meute médiatique de l’appreil militaro-politique, a tenté, samedi 21 mai, de faire accroire, de façon officielle et propagandiste à l’envi, que le Maroc aurait demandé à l’Arabie saoudite de lui diligenter une médiation avec l’Algérie. Le chef de la diplomatie réagit à un article d’un média, qui fait état à cette médiation, sans nommer pourtant aucune source marocaine, officielle ou officieuse.

Le chef de la diplomatie algérienne doit être sévèrement atteint du syndrome anti-marocain pour «réagir» à des propos qui n’existent pas. Sinon comment comprendre qu’une simple information, déclinée sur le ton de la probabilité par un média non officiel, ait été démesurément gonflée en vue d’en faire un angle de tir groupé visant le Maroc? Est-ce juste pour dire que toute médiation avec ce dernier ne sera jamais l’ordre du jour, car le Maroc est prétendu être le «responsable» de la rupture avec l’Algérie?

«Ce sujet ne peut pas être objet de médiation. Il n’y a pas de médiation», a dit Lamamra hier, samedi, à un journaliste algérien, qui l’interpellait, comme par hasard, sur cette affaire de prétendue médiation.

Et le chef de la diplomatie algérienne d’ajouter: «même si certaines parties médiatiques font ce lien, il n’y a aucune médiation, ni hier ni aujourd’hui ni demain. La position de l’Algérie est claire, la rupture des relations diplomatiques est motivée par des raisons fortes, elle a été décidée pour mettre devant ses responsabilités la partie qui a mené les relations à un tel mauvais état, et elle en porte l’entière responsabilité».

Si une telle déclaration avait été faite lors de la conférence de presse commune avec son homologue saoudien, le prince Fayçal Ben Farhan Ben Abdallah Al Saoud, jeudi dernier à Alger, il n’y aurait rien eu à redire. Mais que Lamamra décline ces propos surprenants, qui s’apparentent à un monologue, au moment où il était de passage dans une université pour superviser le déroulement d’un concours de sélection de secrétaires d’ambassade, cela relève de la fixation maladive vis-à-vis du Maroc, qu’il s’agit de nommer à tort et à travers, même s’il faut lui attribuer des prises de position imaginaires.

Nombre de chancelleries étrangères ont assisté incrédules aux réactions dans la diplomatie algérienne à la réunion de la coalition anti-Daech qui s’est déroulée, le 11 mai, à Marrakech. Un ancien haut diplomate marocain s’étonne, interrogé par Le360, des propos tenus sur cette réunion par les officiels algériens.

«C’est inhabituel, voire inédit, pour une diplomatie de commenter un événement qui ne se tient pas chez elle», affirme cette source, qui explique que «le régime algérien réagit à la réunion de Marrakech pour dire que le Maroc a exploité une réunion pour faire du bilatéral et gagner des points». «Ce sont des réactions qui traduisent un dépit profond et une défaite assumée», conclut cet interlocuteur.

La réaction de Lamamra à la prétendue médiation saoudienne a été précédée par les gesticulations pathétique du pitre Amar Belani. Selon la très officielle agence de presse algérienne (APS), Amar Belani a déclaré qu’«une “publication“ patronnée par les services d’un pays voisin vient de plonger dans son élément naturel, la mythomanie, à propos d'un ordre du jour fantaisiste qu’elle cherche insidieusement à accoler aux entretiens que le ministre des Affaires étrangères saoudien a eus avec les officiels algériens, dans une tentative désespérée visant à prendre en otage les relations bilatérales algéro-saoudiennes».

A la lecture de ces déclarations peu à propos, on peut se demander si c’est l’indifférence du Maroc à une médiation avec son voisin de l’est qui provoque chez la diplomatie algérienne une hystérie qui frise le ridicule. En rompant unilatéralement ses relations avec le Royaume, le régime algérien ne pensait pas que sa décision n’allait susciter qu’indifférence de la part des autorités marocaines. A ce jour, il existe une seule réaction marocaine à toutes les décisions prises par le régime d’Alger: fermeture de l’espace aérien, arrêt du Gazoduc Maghreb-Europe… Cette réaction marocaine, la seule face à pléthore des déclarations officielles algériennes, est un communiqué sommaire du ministère marocain des Affaires étrangères qui a fait suite à la décision en août 2021 de l’Algérie de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. A l’exception de ce communiqué laconique, rien. Et c’est visiblement cette indifférence qui fait enrager ce régime en fin de vie.

Par Mohammed Ould Boah
Le 22/05/2022 à 16h31