Ramid et Tazi opposés sur la LGV

Karim Tazi et Mustapha Ramid.

Karim Tazi et Mustapha Ramid. . DR

Revue de presseKiosque369. Face à un Karim Tazi, membre du PSU, qui estime que l’investissement dans deux satellites et une LGV n’est pas une priorité, Mustapha Ramid, du PJD, a démontré l’opposé. D’après lui, on finit souvent de comprendre, avec le temps, la grande utilité de certains projets.

Le 25/11/2018 à 20h08

Le Maroc a inauguré, le 15 novembre, sa première ligne LGV qui aura nécessité un investissement de 23 milliards de dirhams. Quelques jours plus tard, le 21 novembre, il a mis sur orbite un deuxième satellite, «Mohammed VI-B», le premier ayant été lancé le 7 novembre 2017 pour un coût global de 5,5 milliards de dirhams.

De tels événements ont bien entendu suscité un débat politique. C’est justement le cas, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du lundi 26 novembre, faisant état d’un débat très animé entre le dirigeant PJDiste et actuel ministre d’Etat Mustapha Ramid et l’homme d’affaires et membre du PSU, Karim Tazi.

Les deux responsables politiques, explique le journal, se sont ainsi interrogés sur l’utilité de ces deux projets pour la concrétisation desquels l’Etat a engagé un important investissement. Ils se sont également demandé si ces deux projets présentaient vraiment une priorité pour le Maroc.

Ainsi, l’homme d’affaire de gauche ne s’est pas trop écarté de la position déjà exprimée par d’autres dirigeants de son parti, le PSU. D’après Karim Tazi, «le Maroc pouvait parfaitement se passer des deux satellites» car «il y a un manque d’hôpitaux» en plus de nombreux autres problèmes sociaux.

De même, estime-t-il toujours selon Akhbar Al Yaoum, «on ne peut pas nier les avantages de ces satellites d’observation», mais «faut-il encore voir comme ces avantages seront exploités».

Quant à la LGV, il estime que le fait d’investir dans ce projet est une «option» parmi d’autres. Le Maroc aurait pu, selon lui, consacrer cet investissement à la construction d’hôpitaux, d’écoles et d’universités ainsi qu’à d’autres projets. Chacune de ces deux options, précise-t-il, présente des avantages, mais «cet investissement a-t-il été décidé au nom du peuple? Car ce sont bien nos enfants qui vont payer les dettes y afférentes».

Bien plus, l’homme d’affaires est même allé jusqu’à questionner la politique des grandes infrastructures, développée selon lui au détriment de l’élément humain. Pour étayer sa thèse, il a noté que «le Maroc se développe, mais ce développement ne concerne que les centres urbains, délaissant le monde rural». Pour lui, ce sont les villes côtières, de Tanger à Agadir, qui bénéficient le plus de ce développement, l’intérieur du pays est resté, lui, marginalisé.

Naturellement, le ministre d’Etat, bien plus au fait du fonctionnement des affaires publiques, n’est pas de cet avis. Mustapha Ramid assure que les «deux satellites représentent un acquis considérable».

Selon le ministre, c’est un projet qui ne date pas d’aujourd’hui. L’accord concernant ce projet a été conclu, en effet, en 2007, à l’occasion d’une visite au Maroc de l’ancien président français Nicolas Sarkozy. «Je ne peux pas dire que c’est un projet inutile», a-t-il martelé.

Pour les sceptiques, le ministre d’Etat a notamment évoqué la situation sécuritaire aux frontières sud-est du pays et les conflits avec les pays voisins. Il a également évoqué le rôle des deux satellites dans la détection des mouvements suspects mais aussi, d’une manière globale, dans la recherche scientifique, concluant que les deux satellites représentent «un acquis et un avantage certain pour le Maroc».

Pour ce qui de la LGV, le dirigeant islamiste s’est montré plutôt pragmatique. «Si j’avais eu le pouvoir de décision à l’époque, j’aurais certainement opté pour d’autres projets», a-t-il confié.

Et d’ajouter, «mais aujourd’hui que le projet est réalisé, je ne peux le considérer que d’une manière objectivement positive». Pour appuyer sa réflexion, le ministre a donné l’exemple de la Mosquée Hassan II. A l’époque, a-t-il confié, «j’étais opposé au fait d’obliger les citoyens à cotiser contre leur gré pour la construction de cette mosquée. Non seulement je n’ai y pas contribué, mais j’ai mené une campagne contre». Aujourd’hui, «si j’avais le pouvoir de remonter dans le temps, j’aurais certainement contribué à sa construction, car avec le temps, on a fini par constater combien Casablanca avait besoin d’un tel monument».

Par Amyne Asmlal
Le 25/11/2018 à 20h08