À son élection le mois dernier, prélude de son retour, en janvier, à la Maison Blanche, plusieurs dirigeants africains, notamment du Nigeria, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de l’Égypte, se sont empressés de féliciter le président élu Donald Trump.
Cependant, parmi ces États, «il y a un seul pays africain en particulier dont la position à Washington et à l’échelle mondiale pourrait être promue grâce à la nouvelle présidence de Trump», écrit Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 5 décembre. Et ce pays, c’est le Maroc.
Reprenant dans son intégralité une analyse publiée par Rama Yade, directrice du think tank américain Atlantic Council, le quotidien met en avant les arguments qui font du Royaume ce pays qui va le plus bénéficier du retour de Trump.
D’abord, et le président élu, alors en fin de mandat en 2020, l’avait souligné, le Royaume est le premier pays dans le monde à avoir reconnu l’indépendance des États-Unis.
C’est aussi le pays avec lequel son pays est lié par un traité de paix d’amitié depuis 1786, «toujours en vigueur à ce jour».
C’est un atout certes historique, mais ce n’est pas le seul. Poursuivant son argumentaire, la directrice d’Atlantic Council a noté que le Royaume était aussi un allié majeur non-membre de l’OTAN, depuis 2004, qui «joue également un rôle important dans les activités des États-Unis, y compris dans la lutte internationale contre le terrorisme».
De même, poursuit l’analyste, la reconnaissance, récente, de la France de la marocanité du Sahara pourrait encourager la nouvelle administration à accélérer le processus d’ouverture du Consulat américain, à Dakhla.
Le Maroc fait aussi partie de la liste des pays de la région «ayant normalisé leurs relations diplomatiques avec Israël via les accords d’Abraham», un pays qui, lui aussi, a reconnu la marocanité du Sahara.
Évoquant le conflit au Moyen-Orient, l’analyste affirme que «quelle que soit la stratégie de Trump au Moyen-Orient, le Maroc aura sans aucun doute un rôle central à y jouer. Mais sous la direction du Roi Mohammed VI, le Royaume s’est fixé un rôle futur, bien au-delà du Moyen-Orient».
Dans cette analyse, relayée par Al Ahdath Al Maghribia, Rama Yade affirme que le Maroc, qui a réintégré l’Union africaine en 2017, «continue d’approfondir son empreinte africaine» et, en «prenant acte du rôle du Maroc dans le continent, la France a réfléchi à la manière dont elle pourrait s’appuyer sur le Maroc pour regagner le terrain perdu en Afrique, notamment au Sahel; Washington pourrait suivre son exemple».
Par ailleurs, outre l’initiative du Maroc envers les pays du Sahel et l’Initiative Afrique atlantique, «il existe d’autres initiatives et défis sur lesquels les États-Unis et le Maroc peuvent collaborer, notamment la lutte contre le trafic de drogue qui s’étend de l’Amérique du Sud au Sahel».
La manière dont l’administration Trump abordera ces projets atlantiques «déterminera l’orientation des relations des États-Unis avec le Maroc, en raison du rôle central de Rabat dans ces initiatives», a expliqué l’analyste.
Sur un autre volet, ce que fera le président élu de la Loi sur la Réduction de l’Inflation (IRA) «pourrait aussi affecter la place du Maroc sur la carte de Washington».
C’est en partie grâce à cette loi, et à l’ALE qu’il a signé en 2006 avec les États-Unis, que le Royaume a pu dernièrement attirer d’importants investissements chinois et asiatiques.
Cependant, si l’IRA est abrogée ou sa portée restreinte, «le Maroc pourrait devenir moins attractif pour la Chine, et donc entraîner moins d’investissements».
Partant de là, a indiqué l’analyste, «la manière dont Trump abordera le partenariat marocain en dira long sur ses intentions pour l’Afrique».
Cela, au moment où la Chine est de plus en plus fortement implantée dans le Continent; or, a conclu Rama Yade, depuis le précédent mandat de Donald Trump, le paysage au continent «a été profondément modifié par la pandémie, la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine, une série de coups d’État au Sahel, la guerre civile au Soudan, le renforcement du groupe des BRICS, les économies émergentes... Sur chacune de ces questions, le Maroc a une voix qui aura du poids à Washington».