Rabat-Paris: quand la France de Macron tombe au plus bas

Le président français Emmanuel Macron en conférence à Kinshasa, le 4 mars 2023.. AFP or licensors

Revue de presseCertains centres de décision en France se sont beaucoup trompés vis-à-vis du Maroc. Ils ont cru qu’hors France, ses options étaient limitées. Le Royaume vient de démontrer le contraire, ce qui les met dans tous leurs états. Une revue de presse d’Assabah et d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 11/06/2023 à 20h23

En matière de manque de respect envers le Maroc, la France a dépassé toutes les limites. Et comme d’habitude, c’est par voie de presse que le locataire de l’Elysée déverse son fiel, commente Assabah ce lundi 12 juin.

Le quotidien cite un exemple très éloquent, une dépêche publiée par l’AFP.

Si sur le fond la dépêche n’est pas surprenante, nous avons l’habitude de ce genre de «contenu», mais de là à classer une information qui parle de l’activité d’un chef d’Etat, le Roi du Maroc en l’occurrence, dans la rubrique «Gens, animaux et insolite», dépasse tout entendement.

Cette réaction, à travers l’agence officielle, poursuit Assabah, intervient quelque temps après une déclaration qui a manifestement fait très mal à l’équipe au pouvoir en France.

Il s’agit d’une déclaration de l’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun, un personnage public «crédible» qui cite des sources tout aussi «fiables», à travers laquelle il attribue le différend maroco-français au «manque de respect de Macron pour le Maroc».

Citant une chronique d’Abou Wael Al Rifi, sur ChoufTV, le quotidien affirme que cette déclaration a perturbé l’Etat profond en France, «lui faisant perdre la raison, le poussant à lancer ses outils de propagande, comme d’habitude, pour agir de manière malveillante et venimeuse afin de dissimuler la vérité dont tout le monde parle».

Selon Al Ahdath Al Maghribia, qui cite lui aussi ce même chroniqueur dans son édition de ce lundi, la valeur de cette déclaration réside dans le fait que Tahar Ben Jelloun attribue ses propos à des «sources fiables».

Il ne nomme pas ces sources, certes, mais sa stature et sa crédibilité lui interdisent de fabriquer lui-même une telle déclaration, qui ne fait, d’ailleurs, que confirmer ce qui circule depuis des mois parmi les élites françaises à propos de la cause du différend et de la responsabilité de Macron dans ce différend.

La valeur de cette déclaration, poursuit le quotidien, réside aussi dans son timing, car elle révèle l’état de «légèreté, de précipitation et d’incertitude» qui caractérise désormais l’Elysée et ses agents dans la gestion des dossiers intéressant les intérêts vitaux de la France.

Après tous ces mois de désaccord, poursuit le quotidien, tous les rapports confirment l’absence de données concrètes qui confirment l’accusation d’écoute clandestine du président français ou d’officiels français, par le Maroc.

Et c’est ce qui met la France macroniste dans une position de grand embarras envers les Français, puis le reste du monde.

La suite de l’histoire est connue, poursuit Al Ahdath Al Maghribia. Tout est lié à l’état de faiblesse de la France pendant l’ère Macron, prisonnière des intérêts de l’Etat profond, qui a utilisé tous ses outils pour abuser et faire chanter le Maroc, y compris des plateformes médiatiques, des ONG de défense des droits de l’homme et même le Parlement européen.

Cela en plus des restrictions imposées aux Marocains demandeurs de visa, et, bien sûr, le rapprochement avec le régime des caporaux de l’Algérie.

Manifestement, conclut Assabah, reprenant des extraits de l’analyste politique d’Abou Wael Al Rifi, certains cercles décisionnels en France se sont beaucoup trompés vis-à-vis du Maroc, quand ils ont pensé qu’ils pourraient le faire chanter avec des dossiers vides et de fausses accusations.

L’administration Macron s’est trompée dans ses estimations lorsqu’elle a supposé que les options du Maroc, loin de la France, étaient limitées.

L’Etat profond s’est également trompé dans l’évaluation de la puissance des moyens dont dispose le Maroc, pensant que son assujettissement n’était qu’une question de temps, et que sa fermeté ne durera pas longtemps face à la volonté de la France.

Par Amyne Asemlal
Le 11/06/2023 à 20h23