Ah, on allait oublier! Le Festival national de théâtre professionnel n’a pas eu lieu cette année. Rendez-vous incontournable sur la cartographie festivalière nationale censé couronner tout ce que les professionnels ont produit de meilleur durant la saison théâtrale grâce aux subventions publiques, ce festival a brillé, et sans jeu de mots, par son absence assourdissante.
Que s’est-il alors passé pour que cette fête prisée par les professionnels de la scène autant que par un public meknassi connaisseur disparaisse des écrans radars? Cette disparition est-elle attribuable à la qualité de la production des professionnels du spectacle (forja)? S’il est vrai que cette qualité laisse tant à désirer, du moins durant ces cinq dernières années, c’est ailleurs qu’il faudrait, semble-t-il, aller chercher les causes.
Or, circulez, il n’y a rien à voir! A part, -et c’est le comble de la légèreté !-, que ce festival, né d’une belle passion pour le «père des arts», sous le mandat de l’ancien ministre Achaâri (ainsi que plusieurs autres initiatives:Fonds d’aide au théâtre, création des troupes régionales, entre autres), serait l'«orphelin» d’une «mésentente» entre l’actuel ministère et le Conseil communal de la capitale ismaélienne.
Du côté de la rue Michlifen, siège de la Direction des arts, relevant du ministère de la Culture, on entend à peine les grincements de dents contre ledit Conseil communal qui n’aurait pas fait assez pour le «parrainage» de cette grand-messe. Une critique à fleurets mouchetés qu’on a entendue au fil des seize années passées de la vie de cette pourtant grande manifestation artistique nationale.
Il est vrai que le Conseil municipal a «failli» à sa mission, et plus encore quand on sait qu’une lette du défunt roi Hassan II engageant les communes à consacrer 1% de leur budget au théâtre n’a jamais été appliquée. Quand on sait aussi que les communes, - et c’est une vérité de Lapalisse-, investissent dans le «goudron» plutôt que dans le cortex du citoyen.
Venant d’un Conseil communal, cela n’est pas étonnant. Mais ce qui le serait, c'est que le ministère de tutelle fasse sien ce dicton arabe défaitiste : "Que de choses n’avons-nous pas accomplies en les abandonnant!".
« Abandonner », ce n’est pas le cas ici, du moins quand on apprend, toujours du côté de la rue Michlifen, que le ministère Sbihi se préparerait à «faire déménager» le festival à Tétouan ! Le «désintérêt» que manifesterait le Conseil communal de Meknès pour le festival serait-il une raison convaincante pour «sanctionner» le public meknassi et le priver de l’une des rares manifestations que compte la capitale ismaélienne ?
Ne nous trompons pas d’adresse! Avec son magique théâtre en plein air (espace Lahboul), sa célèbre place historique «Lahdim» (concurrente de Jamaâ F’na, à Marrakech), sa salle de théâtre «Mennouni» , et surtout cette légendaire réputation qu’elle s’est forgée, au fil des seize précédentes éditions, de capitale du théâtre national, Méknès reste le lieu idéal pour l’organisation de cette grand-messe. Vivement, alors, que le festival reste à Meknès!