Lors du débat du PLF 2022, adopté en deuxième lecture en début de semaine à la majorité de 123 voix contre 41 par la Chambre des représentants, les partis de l’opposition ont présenté des amendements communs. Six partis, l’USFP, le MP, le PPS, l’UC, le PJD et le MDS, ont présenté ensemble un total de 70 amendements dont seulement 8 ont été retenus par le gouvernement. Une première qui a fait dire à certains observateurs que, conjoncture oblige, les principales formations de l’opposition allaient constituer une alliance qui devrait se maintenir tout au long de ce mandat.
C’est une option, même peu probable, qui pourrait néanmoins être justifiée par le début de la mise en œuvre, durant l’actuelle législature, du nouveau modèle de développement, observe l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 10 décembre. Cela dit, estime le journal, réunir tout ce monde, dont au moins quatre formations qui viennent à peine de quitter le gouvernement autour des mêmes propositions d’amendements, est en soi un exploit. Ce qui est d’autant plus vrai que certaines formations cherchent un nouveau départ en profitant de leur passage à l’opposition, d’où l’intérêt pour elles de se démarquer les unes des autres.
En effet, souligne l’hebdomadaire, ces formations ont des référentiels idéologiques parfois totalement opposés. Au sein d’une même famille, la gauche, l’USFP et le PPS se vouent une inimitié de notoriété publique. Ce qui ne joue vraiment pas pour une coalition des partis de l’opposition. Il est, en effet, difficile d’imaginer comment les intérêts de l’USFP, sous la direction actuelle, pourront bien converger avec ceux du PJD par exemple. Ce qui est sûr, c’est que les deux formations, le PJD et l’USFP, semblent avoir aujourd’hui une conception diamétralement opposée de l’exercice de l’opposition.
Nous avons, en effet, pu avoir un avant-goût du type d’opposition que le PJD entend mener à l’occasion du premier passage du chef du gouvernement devant les députés dans le cadre de la séance des questions de politique générale, le 29 novembre dernier. La prestation du PJD ce jour-là, poursuit l’hebdomadaire, est allée à l’encontre de ce que l’on pourrait attendre d’un parti qui a été aux affaires pendant deux mandats consécutifs et qui est, en toute logique, au fait de tous les dossiers concernant la gestion de la chose publique. Le parti islamiste a ainsi fait montre d’une opposition vindicative, comme la qualifie l’hebdomadaire.
Ce qui s’explique sans doute par le fait, poursuit La Vie éco, que le parti islamiste a été chassé du pouvoir sans ménagement, et par la voie des urnes, donc le plus démocratiquement qu’il soit. Ensuite, parce que le PJD prend le RNI, qui mène aujourd’hui la majorité, pour responsable direct de sa débâcle électorale du 8 septembre.
Quant à l’USFP, elle souhaite mener des alternatives et non tenir un discours contestataire et populiste. Telle que vue par ce parti qui se voit déjà objectivement chef de file de l’opposition, celle-ci ne doit pas être une opposition à contre-courant. Ce qui ne veut pas dire non plus suivre aveuglément la vox populi.
En d’autres termes, comme il a été souligné récemment lors d’une rencontre organisée par la formation socialiste, l’USFP, quand il adresse des critiques aux orientations et politiques du gouvernement, doit présenter en même temps des alternatives. C’est une tendance exprimée également par le PPS pour qui le Maroc traverse une étape importante de consolidation de la démocratie, de mise en place des jalons du développement et de confrontation à des conditions économiques et sociales difficiles.
Bien sûr, relève l’hebdomadaire, encore faut-il que les députés expriment des positions conformes aux idées exprimées par les directions des deux formations. Ce dont il est permis de douter, étant donné, par exemple, que les premières propositions de loi présentées par le PJD, le PPS et le MP visent directement et en personne le chef du gouvernement. Les textes portent une mesure législative qui empêchent les membres du gouvernement de diriger, en même temps, des villes ou des communes.