Un contraste frappe de premier abord à Tindouf. D’un côté, les Algériens résidant dans cette ville de l’extrême sud-ouest du pays, en plus de la traditionnelle manifestation populaire antisystème de chaque vendredi, sortent régulièrement dans la rue pour exiger de l’Etat de mettre à leur disposition, entre autres droits et besoins élémentaires, un habitat décent. A quelques encablures de là, des milliers de Sahraouis sont également parqués depuis plus de quatre décennies dans des abris de fortune, formant ce que l’on appelle les camps de Lahmada et de Rabouni.
Alors les Algériens de Tindouf et les Sahraouis des camps font face à une situation de misère ambiante, une poignée de dirigeants du Polisario se la coulent douce dans des villas cossues, affichant ostentatoirement un standing de vie que leur envient même les hauts commis de l’Etat algérien.
Il va sans dire que cette opulence indécente contraste bien évidemment avec le statut de soi-disant réfugiés dont se prévalent les dirigeants du Polisario, hébergés par un pays étranger et donc censés vivre de la seule aumône internationale.
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«Choyés par le système algérien chancelant», comme les décrivent les médias séparatistes eux-mêmes, les dirigeants du Polisario sont aussi ouvertement accusés de n’aller à la rencontre des Sahraouis des camps, qu’ils sont censés défendre et représenter, que pour leur «vendre des mensonges, du haut de tribunes ornées pour la petite circonstance de banderoles et slogans creux».
Mais la véritable préoccupation de ces soi-disant «révolutionnaires» consiste plutôt à fructifier la manne financière que leur procurent leurs protecteurs du pouvoir algérien, qu’il s’agisse de généraux de l’armée ayant dirigé les services secrets, et particulièrement le DRS (Département du renseignement et de la sécurité, dissous et remplacé par le DSS), ou de chefs de partis politiques alliés du pouvoir (RND d’Ahmed Ouyahya) et autres secrétaires généraux successifs du parti-Etat (FLN).
Or, puisque l’essentiel de ces puissants généraux ainsi que les membres de l’ex-clan présidentiel de Bouteflika sont actuellement derrière les barreaux, après avoir été «pris de vitesse» par le général Ahmed Gaid Salah qui leur a fait endosser toutes les affaires «d’enrichissement illicite et de trafic d’influence» du «système» pour garder son poste, il est logique que leurs protégés du Polisario, également coupables de détournement de deniers publics algériens, rendent eux aussi des comptes.
Le vendredi 7 juin dernier, les médias séparatistes, comme ils ne se privent plus de la faire depuis le déclenchement des manifestations à Alger en février dernier et l’adoption de la dernière résolution du Conseil de sécurité (30 avril) sont revenus à la charge pour tirer à boulets rouges sur leurs dirigeants. Ces derniers sont à nouveau accusés de ne s’occuper que de «futilités» et d’être «incapables de prendre la moindre décision ou initiative qui aiderait à mettre fin aux endurances des Sahraouis de Tindouf, dont ils profitent de la misère pour en faire un fonds de commerce».
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Dès lors, après l’arrestation des piliers du système algérien comme les généraux Toufik et Tartag, en plus du non moins puissant Saïd Bouteflika et de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, des hommes dont dépendaient directement les dirigeants du Polisario, les Sahraouis des camps de Lahmada exigent la fin de l’impunité aussi pour Brahim Ghali et compagnie.
D’autant plus que ces derniers, devenus grands propriétaires terriens et détenteurs de nombreuses entreprises et commerces en Algérie et ailleurs, sont aujourd’hui assis sur des fortunes colossales, bâties sur le dos du contribuable algérien. Ainsi, à titre d’estimations, certains médias algériens avancent le chiffre de 3 milliards de dollars émargés annuellement depuis plus de 40 ans sur le budget de l’Etat algérien, rien que pour les seuls équipements militaires et salaires de «l’armée» du Polisario.
D’autres médias, comme le site «algériatimes.net» parlent de quelque 250 milliards de dollars dépensés par l’Algérie durant les quatre dernières décennies dans les campagnes médiatiques et diplomatiques anti-marocaines.
Une «folie» dénoncée il y a quelque temps par l’ancien ministre algérien du Commerce et ex-président du Parti du renouveau algérien (PRA), Noureddine Boukrouh, qui s’est demandé, dans les colonnes du journal «Liberté»: «Combien nous coûte ce problème (de soutien au Polisario) qui dure? A-t-on les moyens de continuer à prendre en charge cette question? Ce n’est pas normal ce qui se passe dans le pays, c’est de la folie tout simplement».
Une folie, pour une cause perdue, dont une autre facette a été mise à nu par des organismes européens et onusiens, comme l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) et le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), qui dénoncent depuis plusieurs années les détournements systématiques de l’aide internationale par les dirigeants du Polisario.
Même si une trentaine d’entre eux sont actuellement sous le coup de poursuites judiciaires devant les tribunaux espagnols, il est encore prématuré de voir la justice algérienne inquiéter les dirigeants du Polisario. Mais l’évolution des événements actuels à Alger, suite au refus du cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika risque de tout chambouler, puisque les Sahraouis des camps ne veulent en aucun cas boucler une cinquième décennie à Tindouf.