L’arrestation du journaliste algérien Belkacem Houam du quotidien arabophone Echourouk, proche pourtant des généraux, dénote le désarroi d’un régime devenu allergique à tout ce qui ne lui plait pas. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 13 septembre, que cette incarcération a poussé de nombreuses voies à exprimer leur colère contre l’expansion de la tyrannie. Un énième impair de la junte militaire qui a permis la réouverture du débat politique et sociétal sur la liberté de la presse dans le pays. Un débat qui a été contenu par la junte militaire quand elle a inféodé les médias algériens à sa thèse de l’ennemi «classique», le Maroc.
Sauf que cette fois-ci, plusieurs partis et organisations ainsi que les confrères de Houam ont publié des communiqués condamnant son arrestation et exigeant sa libération. L’ancien ministre de la communication et de la culture, Abdelaziz Rahhabi, s’est dit choqué par l’emprisonnement du journaliste suite à la publication d’un article traitant d’une affaire purement commerciale. Et le ministre d’ajouter que «le gouvernement devait tout simplement nier ou démentir cette information avec toutes les formes en vigueur dans tous les médias du monde moderne».
Des sources juridiques indiquent que le journaliste est poursuivi en vertu de la loi relative à la lutte contre la spéculation illicite.Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que les sanctions prévues par cette loi varient entre 5 et 30 ans de prison ferme pendant les périodes de catastrophes, de crises sanitaires et de situations exceptionnelles. L’affaire du journaliste Houam a soulevé des réactions sans précèdent étant donné que la constitution algérienne interdit la soumission du délit de presse à une peine privative de liberté. D’autant plus que l’article incriminé ne fait que rapporter que «le ministère du Commerce a décidé d’interdire l’exportation des dattes après le retrait de lots de ce fruit en France à cause d’un pesticide interdit en Europe».
L’ex-ministre Rahhabi n’a pas mâché ses mots en postant ce message sur sa page officielle dans les réseaux sociaux. «La privation de liberté d’un journaliste après avoir publié des informations à caractère purement commercial est la preuve que l’on continue à exploiter la justice à des fins politiques», écrit Rahhabi. Le régime militaire qui a «neutralisé» la presse algérienne n’accepte plus aucune observation y compris celle émanant de l’ONU sur la liberté associative. C’est ce qui a poussé les généraux d’Alger à reporter la visite du rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’association, de réunions et de manifestations.