Procès Atmoun: la justice à l’arrêt, l’absence de la commune de Khouribga interroge

La balance de la justice.. DR

Revue de presseDeux ans après son renvoi devant la chambre criminelle de Casablanca, le dossier de la commune de Khouribga, impliquant des élus et des responsables locaux, attend toujours son jugement. Malgré la gravité des accusations, l’opinion publique s’étonne que la commune ne se soit pas constituée partie civile, alors que la prochaine audience pourrait relancer le procès. Cet article est tiré d’une revue de presse d’Al Akhbar.

Le 08/08/2025 à 20h38

Deux années se sont écoulées depuis le renvoi de l’affaire dite «de la commune de Khouribga» devant la chambre criminelle spécialisée en matière financière à la cour d’appel, sans que le verdict n’ait été prononcé. Pourtant, les charges retenues contre les prévenus – responsables locaux et élus – sont particulièrement lourdes: détournement de deniers publics, altération de documents administratifs et trafic d’influence, rapporte Al Akhbar dans son édition des 9 et 10 août. Neuf individus, dont Mehdi Atmoun, ancien député et ex-président de la commune de Khouribga, sont mis en cause dans cette affaire.

Depuis l’ouverture du procès le 4 décembre 2023, les audiences se succèdent sans avancée significative, en raison des absences répétées des accusés, des demandes de report formulées par la défense et du manque d’engagement manifesté par certaines parties prenantes. Tous les regards se tournent désormais vers la prochaine séance, prévue le 10 septembre 2025, dans l’espoir de sortir enfin de cette paralysie judiciaire. La nature des faits reprochés et l’ampleur des sommes publiques gaspillées commencent à alimenter l’inquiétude au sein de la population locale.

Rappelons qu’en première instance, la chambre financière de la cour d’appel de Casablanca avait condamné Mehdi Atmoun à trois ans de prison ferme, tandis que ses huit coaccusés écopaient de peines allant de six mois à deux ans d’emprisonnement, accompagnées d’amendes. L’affaire avait éclaté suite à une enquête diligentée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sur requête du procureur général du Roi, s’appuyant sur un rapport accablant de la cour des comptes régionale concernant la gestion de la commune. Le juge d’instruction Abdellatif Rasbane avait alors décidé de poursuivre, en état de liberté, Atmoun ainsi que d’autres acteurs impliqués, parmi lesquels des techniciens municipaux, des entrepreneurs et des fonctionnaires.

Parmi les irrégularités relevées, un membre du conseil communal aurait indûment bénéficié d’un marché public d’une valeur de 536.730 dirhams par le biais d’une société lui appartenant. Son frère, quant à lui, aurait érigé trois locaux commerciaux sans autorisation ni plan d’urbanisme, privant ainsi la commune de redevances légitimes. Par ailleurs, un contrat de 898.650 dirhams relatif à l’installation de poteaux électriques aurait été honoré financièrement sans que les travaux correspondants n’aient été exécutés, relaie Al Akhbar.

Plus grave encore, des équipements destinés à la réhabilitation d’espaces verts se seraient détériorés avant même leur mise en service, tandis qu’un entrepreneur aurait perçu 178.752 dirhams pour des travaux fictifs concernant l’entretien de bâtiments administratifs. Ce qui interpelle, dans cette affaire, c’est l’absence notable de la commune de Khouribga en tant que partie civile, alors même qu’elle apparaît comme la première victime de ces malversations.

Par Hassan Benadad
Le 08/08/2025 à 20h38