Pretoria va-t-elle finir par rompre le fil, (déjà) fragile, avec Rabat, sur fond de vive passe d’armes diplomatique autour de l’intégrité territoriale du royaume? Les indicateurs, envoyés depuis Pretoria, où se poursuit une conférence hostile à la marocanité du Sahara, mais mise en échec par une contre-conférence, organisée hier lundi 25 mars à Marrakech, portent à le croire.
Visiblement désarçonné par le succès foudroyant de la Conférence de Marrakech sur l’appui de l’Union africaine au processus onusien de résolution du conflit du Sahara, marquée par la participation de 37 pays africains, dont 8 pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), réduisant à sa stricte infériorité numérique la conférence de Pretoria (en tout et pour tout 7 pays d'Afrique australe: outre les co-organisateurs, -l'Afrique du sud et la Namibie-, le Zimbabwe, la Tanzanie, les Iles Maurice, le Lesotho et le Botswana), le président du Congrès national africain (ANC), Gwede Mantashe, a fait miroiter la possibilité d’une convocation de l’ambassadeur du Maroc à Pretoria, Youssef Lamrani, au sujet (tenez-vous bien!) de «la poursuite de l’occupation du sahara occidental»!
«L’Afrique du Sud continuerait à faire campagne au sein de l’UA et expliquerait à l’ambassadeur (désigné par le Maroc à Pretoria, Ndlr) que le Maroc devrait se retirer du Sahara Occidental et accorder au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination», a dit en substance à la presse le président de l'ANC, lundi 25 mars, à l’issue des travaux de la première journée que son pays organise en soutien au Polisario.
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L’Afrique du Sud «a accepté l’ambassadeur du Maroc parce que le pays est maintenant membre de l’UA», a-t-il détaillé, lors de cette conférence co-organisée par son pays avec la Namibie, oubliant à l’insu de son gré que la volonté de rétablissement des relations au niveau des ambassadeurs a été exprimée de commun accord lors de la mémorable audience accordée par le roi Mohammed VI à l’ex-président sud-africain, Jacob Zuma, à l’issue du Sommet Afrique-Europe, qui s’est tenu le 29 novembre 2017, à Abidjan.
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Vue du Maroc, la volonté de rétablir les relations avec Pretoria dénote d’une approche marocaine globale des relations sud-sud, couronnée par le retour du royaume à l’Union africaine, le 29 janvier 2017.
Le rétablissement des relations avec Pretoria participe en effet de la nouvelle stratégie africaine du royaume, avant tout basée sur un principe gagnant-gagnant, et non sur des slogans idéologiques, de surcroît tiers-mondistes, que l’axe Pretoria-Alger continue de charrier, au mépris de l’histoire et de l’avenir communs du continent.
Voilà ce que semble ignorer le président du parti sud-africain au pouvoir, qui aurait mieux fait de nous épargner cette sortie populiste, aux relents de chantage, envers un pays profondément engagé en faveur du développement de l’Afrique.