L’Algérie officielle, à savoir son armée, son gouvernement et jusqu’à son président ne cessent de s’en émouvoir, cristallisant l’hostilité de leur discours du moment envers le Maroc autour d’une caserne militaire érigée par le Maroc près de Jerada, non loin de la frontière ouest du pays voisin. Lundi 13 juillet, dans un entretien accordé à au quotidien français L’Opinion, le président Abdelmadjid Tebboune a considéré que le projet d’édification de cette base «doit s’arrêter», car il constitue «une escalade» dans les relations entre les deux pays.
Les travaux de construction de cette caserne, transformée par Alger en «base militaire» dotée d'un puissant dispositif d'espionnage fourni par Israël, ont fait l’objet d’un décret signé le 21 mai par le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. Mais ce n’est pas tant sa position géographique qui dérange. L’Algérie compte un nombre incalculable de bases et postes militaires tout au long de sa frontière avec le Maroc, sans que personne n’y trouve à redire.
La publication par l’agence de presse russe Sputnik d’un long article, largement repris par la presse algérienne, consacré aux photos satellites publiées par la page Facebook «FAR-Maroc» des positions militaires algériennes, trahit une crainte bien plus grande et, cette fois, justifiée: l’armée algérienne se sent surveillée. Et elle a bien raison de le croire. Toutes ses installations militaires, les équipements dont elles sont dotées, les ressources matérielles et humaines dont elles disposent sont répertoriés et géolocalisés. Leurs coordonnées géo-stratégiques sont établies et connues du Maroc.
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«Connaître les points de départ et de repli d’une force ennemie, quelle qu’elle soit, son armement et ses plans d’attaque, c’est lui ôter l’effet de surprise et, donc, toute chance de l’emporter. Cela en fait également une cible à neutraliser bien identifiée, en cas d’acte hostile. Le renseignement confère un avantage précieux en cas conflit.», explique Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques.
Sur ce registre, la somme de toutes les peurs algériennes a un nom: les satellites Mohammed VI-A et Mohammed VI-B avec lesquels les images des bases situées tout au long de la frontière marocaine ont «probablement» été prises. Vérification faite, c’est grâce aux dernières mises à jour de Google Earth, que «Far-Maroc» avait réussi à localiser les installations militaires algériennes près des frontières, et jusqu’à une profondeur de 60 kilomètres dans le territoire algérien. «Un petit logiciel permet d’améliorer le rendu et augmenter la netteté des images recueillies. Mais, plus sérieusement, l’armée marocaine se dote de tous les moyens nécessaires pour jouer son rôle en matière de protection du territoire national et l’aspect lié à la technologie et aux renseignements y est prépondérant. Il y a les satellites, mais aussi les drones de surveillance et bien d’autres moyens. En résumé, nos FAR, contrairement à bien d’autres pays, sont une armée de leur temps», explique cet expert militaire.
Ce que l’on voit sur ces images qui font tant frémir du côté d’Alger, ce sont des bases aériennes, des bases de blindés et de chars, des unités d'infanterie, mais également des bases d'écoutes et de radars, ainsi que des installations de systèmes DCA antiaériens. Il s’agit donc d’artillerie lourde, mais aussi de sites de génie militaire, de sites d’écoute et même de grosses bases dotées de bunkers et d’aérodromes. Ces installations couvrent en plus toutes les zones près de la frontière, de l’Oriental au Sahara Marocain et certaines se trouvent à seulement 6 km de la frontière marocaine.
Au lieu de nier (ce qui relèverait du ridicule) ou de confirmer l’existence de ces bases et postes avancés, l’Algérie préfère agiter l’épouvantail de la supposée base marocaine. Mais cette levée de boucliers du régime algérien contre une supposée base marocaine, dotée d’un puissant dispositif d’espionnage, a le mérite de révéler la panique qui s’est emparée des généraux du voisin de l’est, tétanisés par l’avance technologique de l’armée marocaine.
«L’armée algérienne est surarmée, les forces armées marocaines ont l’intelligence et le renseignement. Et c’est sur ce terrain que se jauge et se juge, désormais, la puissance d’une armée. L’Algérie a opté pour le surarmement, des sous-marins aux avions de chasse en passant par tous les équipements qu’une armée peut acquérir, mais c’est une armée en quelque sorte aveugle et surexposée. Cette armée est observée sans pouvoir voir à son tour. C’est une erreur stratégique d’avoir marginalisé le renseignement. Le Maroc, lui, envisage sa défense autrement, en évitant les dépenses inutiles et le choix rationnel des bonnes armes, à commencer par le renseignement, et en misant sur ses ressources humaines militaires, au demeurant très bien encadrées», explique Mohamed Benhamou.
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Rien de plus naturel donc que cette avance technologique marocaine, dont les deux satellites sont une des plus importantes illustrations, soit une source d’angoisse pour le régime algérien. Et quand on sait que le Royaume est sur le point de passer de nouvelles commandes de satellites pour remplacer les deux existants, la crainte du voisin peut facilement virer au cauchemar.