L’avenir politique d’Abdelkader Amara, ministre de l’Equipement, serait compromis. Le retard qu’ont pris les travaux de réalisation du nouveau port de Safi risquerait, en effet, de coûter son poste au puissant ministre PJDiste, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 26 août.
Le quotidien tire cette conclusion de la décision du gouvernement, à travers un projet de décret adopté le 22 août, de repousser à octobre 2020 la date de la suppression de la direction provisoire créée au ministère de l’Équipement et du transport pour superviser la réalisation du nouveau port de Safi.
Selon le quotidien qui cite des sources anonymes, le ministre islamiste n’aurait pas tiré la leçon du séisme royal ayant coûté leur poste à plusieurs ministres et valu des interdictions d’assumer des charges publiques à d’autres, des suites du retard de réalisation du programme d’«Al Hoceima Manarat Al Moutawassit».
Le quotidien relève à ce propos que les responsables qui seraient derrière l’endommagement, il y a deux ans, du quai charbonnier du port n’ont pas encore été sanctionnés. Assabah rappelle, par ailleurs, que les 700 blocs de béton qui forment le quai charbonnier du port s’étaient fissurés, rendant ainsi impossible l’amarrage des bateaux.
Depuis, ce quai a bien été refait à zéro retardant, par la même occasion, la date de livraison de ce projet lancé par le roi le 19 avril 2013 et qui devait être achevé cinq ans plus tard. Au lieu de cela, aujourd’hui, les équipements techniques du port sont toujours inutilisables. Et ce, précise le quotidien, à cause de la précipitation de la société chargée de réaliser les travaux et du non respect, de sa part, des normes techniques, des réglementations architecturales et des normes de qualité.
En conséquence, écrit le quotidien, le projet ne pouvait pas être livré dans les délais malgré une première rallonge d’une année accordée à la société chargée des travaux. Ce qui fait qu’après expiration de ce nouveau délai, fixé au 30 juillet 2019, le gouvernement a été contraint de lui concéder un délai supplémentaire. D’où ce projet de loi adopté en conseil de gouvernement du jeudi 22 août, modifiant le décret du 9 octobre 2013, relatif à la création de la direction provisoire chargée de superviser la réalisation du nouveau port de Safi.
Ce projet de nouveau décret vise, en effet, précise le journal, à proroger le décret précédent afin d'accompagner l'exécution des travaux jusqu'à la livraison du port et l'apurement de l'ensemble des marchés, soit jusqu'au 15 octobre 2020. Malgré cela, souligne Assabah, il n’est pas garanti que les travaux du nouveau port soient achevés à temps.
Partant de là, croit savoir le quotidien, le chef du gouvernement n’hésitera pas à se défaire de son ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, Abdelkader Amara, lors du prochain remaniement ministériel. Une perspective qui ne manquera d’ailleurs pas d’enchanter les chefs des partis de la majorité qui jetteraient leur dévolu sur ce super-ministère électoralement très rentable.
En attendant, cette affaire aura déjà occasionné des pertes de l’ordre de 500.000 millions de dirham pour l’Etat. Un chiffre mentionné, précise le journal, lors d’une séance de questions orales à la veille de la clôture de la précédente session parlementaire. Les pertes engendrées par le retard de la réalisation de ce projet ne s’arrêtent pas là puisque celles supportées par l’ONEE sont estimées, elles, à 600.000 millions de dirhams en plus, bien sûr, des dégâts environnementaux occasionnés par la durée des travaux.
Entre-temps, souligne Assabah, le ministre Abdelkader Amara a bien visité le site au moins à trois reprises. Et à chaque fois, il assurait que les travaux étaient sur le point d’être finalisés. Il avait, en outre, promis qu’une enquête allait être ouverte au sujet du retard du projet. Lequel projet, a-t-il souligné, va contribuer au fonctionnement de la nouvelle centrale thermique qui nécessite quelque 10.000 tonnes de charbon par jour devant transiter par ce port.









