Contrairement à ce que prétendent les dirigeants du parti, les élections internes du PJD sont loin d’être aussi «transparentes et démocratiques» qu’ils voudraient le faire croire. Pour preuve, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du 12 octobre, dans certaines régions, des manœuvres ont eu lieu, dans les coulisses, en vue d'imposer une liste fermée de congressistes. Ces pratiques qui font fi de la volonté des militants annoncent déjà, note le journal, un congrès particulièrement houleux les 9 et 10 septembre prochains.
Ainsi, souligne le journal, c’est à Chtouka, dans les environs d’Agadir, où le PJD vient de subir une défaite cuisante aux élections partielles du 5 octobre, qu’ont éclaté les premières contestations contre ces manœuvres illicites. En effet, affirme le journal qui cite des sources du parti, les militants qui ont participé au congrès provincial ont été surpris de découvrir, à la fin de ses travaux, une liste de candidats qu’ils n’avaient pas désignés et qui sont censés les représenter au congrès national du parti.
Les médias proches du PJD, observe le journal, affirment que «ce genre de pratiques est étranger aux principes et aux valeurs du parti». Certains responsables locaux du parti affirment, de même, que «ces agissements sont inadmissibles». D’autres encore estiment que «ce qui s’est passé à Chtouka n’augure de rien de bon. Toutes les personnes dont les noms figurent sur cette liste ont participé à une pièce de théâtre de mauvais aloi et ce sera à elles d’en assumer les conséquences». Et certains de déclarer que «cette liste préparée dans les coulisses est légitimée par une démocratie de façade».
Bien sûr, affirme le journal, les auteurs de ces manœuvres ont tout nié, déclarant que «le tapage qui a été créé autour de cette opération est l’œuvre de personnes dont les ambitions ont été contrariées par les résultats de cette élection». Cependant, Chtouka n’est pas la seule région où des divergences ont divisé les rangs, naguère soudés, des militants du parti islamiste. Les sections étrangères du parti en Europe, notamment en France, ont également souffert de ces pratiques antidémocratiques. Ailleurs, à Kénitra spécialement, les sections locales de la ville et ses environs ont, de plus, recouru à une opération massive de recrutement pour accroître le quota des représentants de la région au congrès.
Si Saâd-Eddine El Othmani se veut rassurant en affirmant que «tout le monde veille à ce que le parti soit uni, avant et après le congrès, quels que soient ses résultats», il n'en reste pas moins que les positions des pro-Benkirane et celles de dirigeants comme Mustapah Ramid, Aziz Rebbah ou Lahcen Daoudi, sont diamétralement opposées. Entre autres points de discorde, la question d’un troisième mandat pour Benkirane et le projet politique du parti après le départ de l’actuel secrétaire général.