Un pied dans le gouvernement et un autre dans l’opposition: telle est la politique que continue de mener le PJD, avec force surenchères. Un «mouvement» interne, conduit par des membres du Conseil national, appelle ainsi le parti à se retirer du gouvernement. Le journal Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 12 juin, affirme que ce mouvement est conduit par Anas El Hayouni, membre du Conseil national, et compte déjà de nombreux membres, notamment parmi les partisans de Benkirane.
Concrètement, les initiateurs de ce mouvement appellent d’abord à la réunion du Conseil national, dans le cadre d’une session extraordinaire, pour entériner la décision du retrait du gouvernement.
Pour Assabah, c’est un nouveau coup bas que les militants du PJD viennent d’asséner à Saâd-Eddine El Othmani qui fait déjà l’objet d’attaques systématiques et insidieuses des cadres et parlementaires du parti évincés du nouveau gouvernement. Aujourd’hui, ajoute le quotidien, ses adversaires tentent, pour ainsi dire, de lui retirer le tapis sous les pieds en signe de solidarité avec Abdelilah Benkirane, actuel secrétaire général qui, après avoir été à l’origine d’un blocage gouvernemental de six mois, prend aujourd’hui en otage le parti en refusant de réunir le secrétariat général.
Les auteurs de l’appel au retrait du gouvernement estiment que le gouvernement conduit par leur formation ne les honore plus, bien au contraire. Aussi, le retrait du gouvernement est-il, pour eux, le seul moyen de sauver la face et de préserver la popularité du parti.
De nombreux dirigeants du PJD, dont des membres du secrétariat général, ont cependant invité les militants et cadres du parti à ne pas prendre au sérieux cet appel qu’ils qualifient de «stupide» et qui, de plus, émane d’un novice en politique. D'après eux, plutôt que de parler de retrait du gouvernement pour sauver le parti, il serait judicieux d’inciter l’Exécutif à mettre en œuvre, dans les brefs délais, le plan de développement qu’il avait annoncé dans son programme.