L’acharnement médiatique égyptien contre le Maroc a gagné en férocité ce vendredi 2 janvier, après le changement de ton relevé dans les JT de la TVM et 2M, à l’égard du nouveau maître du Caire, Abdelfettah Sissi, décrit pour la première fois comme «président putschiste». Un «tacle» accueilli par les principaux titres de la presse caïrote comme «un revirement spectaculaire» dans la position de Rabat à l’égard de l’ex-maréchal, à l’origine du renversement de l’ex-président islamiste élu Mohamed Morsi. «Putsch de Rabat contre l’Egypte d’Abdelfettah Sissi», «Violente attaque du Maroc contre le président Sissi» … Bien sûr, cette campagne haineuse ne date pas d’hier, autant dire qu’elle a franchi le seuil de l’intolérable après l’étrange sortie du journaliste télé de Masr Alaan, Mohamed Nasser, lequel a relayé des ragots affabulatoires au sujet du dernier déplacement royal en Turquie, 20 décembre dernier, selon lesquels le souverain aurait mobilisé «5 avions» pour les besoins d'une «visite privée» dans le pays d’Atatürk. Des allégations aussitôt démenties par les faits, les avions prétendument «mobilisés par le Roi» devaient en fait acheminer des aides humanitaires aux réfugiés syriens. Une précision aussi déconcertante que le journaliste pris en défaut a été amené à présenter, via Masr Alaan, des excuses personnelles au Roi Mohammed VI, en arguant avoir été «induit en erreur» par un article paru sur un quelconque "site d’information".
Médias égyptiens, qui en tire les ficelles? Erreur ou pas, une chose reste pourtant sûre : le journaliste de Masr Alaan est, pour ainsi dire, l’exception qui confirme la règle. En effet, les médias égyptiens, depuis l’investiture de l’ex-ministre de la Défense, Abdelfettah Sissi, ont enchaîné les attaques haineuses à l’encontre du royaume. Pas besoin d’égrener le chapelet des «titres de gloire» que ces médias se seraient tressés au détriment des Marocains, ils ne se comptent simplement pas sur les doigts de la main. Mais passons, car cette curée médiatique n’aurait pas lieu d’être si elle n’était savamment orchestrée et, pour tout dire, téléguidée par les hautes sphères du pouvoir en place. Et ce ne sont surtout pas les faits qui vont nous contredire. Aussitôt après son investiture le 8 juin 2014, le président égyptien, Abdelfettah Sissi, a réservé son premier déplacement à l’étranger à l'Algérie de Bouteflika. Un signal qui devait retentir comme un tacle aux islamistes marocains au pouvoir, lesquels n’avaient d'ailleurs pas fait mystère de leur désapprobation du coup d’Etat mené par l’ex-maréchal contre le président déchu Mohamed Morsi, toujours en détention. Mais la position des islamistes marocains, du PJD plus précisément, ne devait engager que ce parti tant et si bien que la position officielle du royaume était "politiquement correcte". D'ailleurs, le Maroc était représenté à la cérémonie d’investiture de Sissi, par le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar. Mais voilà, il s’est avéré au fil du temps que le Caire avait un autre agenda. Un observateur, qui a souhaité ne pas être cité, a indiqué à Le360 qu’"un rapprochement entre Le Caire et Alger était en train de se tisser derrière le dos du Maroc", moyennant une transaction sonnante et trébuchante consentie par le régime de Bouteflika afin de contrer les intérêts du royaume et plus particulièrement la question de son intégrité territoriale. Tout bien considéré, il apparaît maintenant à l’évidence que les médias égyptiens ont été instrumentalisés à cette fin non déclarée de desservir le royaume. Une tentative vouée à l’échec, puisque le Maroc, nouvelle puissance émergente de la région MENA, est en train de revoir ses cartes stratégiques à la lumière de ce développement. Preuve en est l’axe Rabat-Istanbul qui est en train de se dessiner sur fond de véritables promesses d’avenir. On comprend mieux pourquoi le déplacement du souverain en Turquie a fait rager davantage les médias égyptiens.