Il y a plus de quatre mois que le PAM a organisé son dernier congrès. Un quatrième congrès, qui plus est très controversé, avec les résultats que l’on sait. Le parti ne semble pas sortir de ses différends internes. Au contraire, ils ont enflé et les décisions de sa nouvelle direction ne sont pas moins contestées que celles de l’ancienne. Elle fait d’ailleurs face à deux procès en justice pour des présomptions de falsification de signatures de ses députés. En même temps, relève l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 19 juin, le parti fait face également à un vide organisationnel. Il fonctionne depuis plusieurs mois avec des organisations bancales.
Ainsi, le Bureau politique, organe exécutif, n’est pas encore entièrement et légalement constitué. Ses décisions sont donc contestées. Du coup, les actes et décisions prises par le secrétaire général, en plus d’être également contestées, ont valu au parti des critiques et des mises en garde. L’emportement, par exemple, de la direction du parti contre la Cour constitutionnelle est pour le moins incompris, tout en étant surprenant. Dans le réquisitoire publié par son patron contre cette institution dans les médias du parti, il a été question d’«usurpation » des pouvoirs des juges constitutionnels et de «complicité». Ce qui lui a valu une forte remontrance de la part de la Cour.
Cette dernière a, en effet, vite fait de remettre à sa place le secrétaire général impudent du PAM sans le viser directement. L’utilisation par certains médias de termes inappropriés comme «usurpation» et «complicité», ainsi que la diffusion de contenus inexacts, constituent un manquement au respect dû à la Cour, et s’inscrivent dans une logique d’acharnement procédural, visant à nuire à la bonne administration de la justice à l’occasion du recours, qui était en cours d’examen, a notamment souligné la juridiction constitutionnelle dans un communiqué publié le 11 juin. Quelques jours après cette sortie maladroite, le secrétaire général récidive en déclarant au Parlement, lors d’une session de questions de politique générale, que son parti retirait définitivement son «soutien» au gouvernement. L’initiative, relève-t-on, est déplacée.
«On n’annonce pas une telle décision au moment où tout le pays fait face à une crise sans précédent. A moins d’avoir sous la main une alternative crédible à proposer. Ce qui n’est pas le cas», affirme un député membre du Conseil national du parti, cité par l’hebdomadaire. Et ce dirigeant de poursuivre, «nous regrettons beaucoup de voir notre parti se transformer, via son portail d’information, en une plateforme pour mener les guerres des autres par procuration». Dans le même ordre d’idées, un autre dirigeant du parti, reproche ouvertement à la direction du parti de l’avoir transformé en une «annexe du PJD» qui «est en train de mener une guerre par procuration au profit du parti islamiste contre l’USFP et le RNI».
Le pire est que les autres instances du parti ne sont pas encore constituées comme garde-fous contre ces sorties non calculées. Et quand bien même elles seraient opérationnelles, elles sont déjà acquises à la nouvelle direction. C’est ainsi qu’un autre membre national, également cité par l’hebdomadaire, révèle que beaucoup de militants n’arrivent pas à admettre l’augmentation du nombre de membres du Conseil national, passé subitement de 511 à plus de 700. Cela au moment où le nombre des encartés n’a pas subi un grand changement -au contraire avec les nombreux départs au lendemain du dernier congrès il s’est même rétracté- à moins que ce ne soit une tactique délibérée pour noyer cette institution et faire en sorte qu’à chaque vote une partie, les partisans de la nouvelle direction, l’emporte largement sur l’autre.
«La logique derrière cette manœuvre d’augmentation de 50% le nombre de membres du Conseil national, qui sont évidemment tous partisans du clan qui contrôle le parti, est de garantir une victoire à chaque vote, en s’assurant une suprématie numérique au sein de cette instance», note-t-il. C’est naturel, conclut cet autre membre du Conseil national, si «lorsque l’idéologie du parti est dénaturée, il s’en suit forcément une défiguration des institutions et un détournement des lois et des règlements». Et de conclure: «Désormais, on peut parler d’un parti du courant de l’Avenir. Le PAM, tel que nous l’avons connu, n’existe plus».