Parti de l’Istiqlal: la guerre des inspecteurs est déclenchée

Le ministre de l'Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, répondant à une question orale à la Chambre des représentants, le18 juillet 2022 à Rabat.. MAP

Revue de presseLes inspecteurs font polémique au sein de l’Istiqlal. La nature de leur mission ne fait plus l’unanimité. L’existence même de ce corps si spécifique à ce parti est sujette à débat. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 12/05/2023 à 21h21

Le corps des inspecteurs est un organe qui n’existe dans aucun autre parti au Maroc. On a l’habitude de qualifier ses membres d’yeux et d’oreilles du parti dans chaque coin du pays. Leurs rapports servent de tableau de bord pour les instances exécutives centrales à Rabat. Ce corps est aujourd’hui au centre d’une polémique qui embrase le parti, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 13 et 14 mai.

En fait, explique le quotidien, deux tendances divisent le parti. La première, tout en mettant en avant le caractère singulier de ce corps, considère que les inspecteurs sont des salariés du parti. Ils sont donc au-dessus de tout questionnement de nature politique, contrairement aux militants et autres responsables du parti. Pour les tenants de ce point de vue, les inspecteurs doivent être considérés comme une ligne rouge, une catégorie à laquelle personne ne doit toucher. Une catégorie qu’il faut, de ce fait, éloigner des responsabilités politiques.

Quant à la deuxième tendance, elle estime au contraire qu’il s’agit de militants. Ils font même partie des élites de l’Istiqlal. Et à ce titre, ils ont leur mot à dire comme tous les autres militants. Cela d’autant que les indemnités qui leur sont servies ne suffisent pas à couvrir les besoins ni la nature de leur mission.

Au fond, souligne Assabah, la perception des inspecteurs diffère d’un militant à l’autre, selon la nature des rapports qu’il entretient avec l’inspecteur de la zone géographique dont il relève. La charge symbolique de l’appellation «inspecteur» joue également en leur défaveur puisqu’elle renvoie au contrôle et à l’inspection, ce qui est contraire à la nature du militantisme partisan basé, lui, sur les choix personnels et les mécanismes démocratiques.

De toutes les manières, les partisans de la formule actuelle poussent pour la clôture de ce débat, dans l’intérêt du parti. C’est le cas notamment d’Abdelkader El Kihel, qui estime que l’organe des inspecteurs doit être préservé dans sa forme actuelle parce que l’intérêt du parti l’exige. Il est, et il a toujours été, d’après ce dirigeant, le socle de la solidité et de l’immunité du parti. C’est aussi le garant du déploiement et de la présence effective du parti à travers le pays, même dans les situations les plus difficiles.

Cela dit, même en étant d’accord sur le maintien en l’état de ce corps, surgit un autre débat entre les istiqlaliens, lié cette fois aux mécanismes de désignation de ses membres. Là encore, les militants, mais aussi les dirigeants, sont divisés. Une partie d’entre eux est pour une procédure d’élection des inspecteurs au niveau des régions et parmi les instances régionales du parti. Une autre tendance opte pour la procédure de désignation.

Dans ce dernier cas, les inspecteurs sont désignés par le comité exécutif, puisqu’en réalité, et d’après les statuts, le corps des inspecteurs est un prolongement régional et local de l’instance exécutive du parti. Ils sont donc investis d’un mandat qu’ils détiennent directement du comité exécutif.

C’est d’ailleurs, estime une majorité des responsables et militants, la formule de désignation qui convient le plus à un parti comme l’Istiqlal. Mais il faut que le processus s’inscrive dans un cadre contractuel entre l’inspecteur désigné et l’instance exécutive. Les inspecteurs seront dans ce cas liés au comité exécutif par une sorte de contrat-programme.

Par Amyne Asmlal
Le 12/05/2023 à 21h21