C’est par un coup de gueule de l’istiqlalienne Saïda Abouali, présidente de la commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, qu’est née une nouvelle polémique. Au coeur de celle-ci, et là encore, le président de cette chambre, Habib El Malki. En cause, la création par ce dernier d’une commission thématique en charge de légiférer sur le système de santé. Une démarche que l’istiqlalienne a qualifié d’atteinte aux prérogatives de la commission permanente qu’elle préside.
Citée par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du vendredi 25 septembre, et dans un courrier adressé à El Malki, Saïda Abouali dénonce une initiative qui s’inscrit en totale contradiction avec les dispositions des articles 69 et 70 de la Constitution ainsi que les articles 120, 121 et 122 du règlement intérieur de la Chambre des représentants.
Traitant du même sujet, le quotidien Al Massae précise que la commission comprend, qui plus est, les membres du bureau d’El Malki ainsi que des représentants de tous les groupes parlementaires, constituant par là même une infraction à la loi organisant le travail du Parlement.
Dans son courrier, la députée précise que le bureau de la commission, réuni lundi dernier, est unanime quant au caractère illégal de l’attitude du président de la chambre, la création d’un comité technique ou thématique étant du ressort de la commission. Saïda Abouali demande également la tenue d’une réunion urgente avec Habib El Malki pour que ce dernier s’explique sur les raisons et le bien-fondé de sa démarche.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rappelle que la commission thématique, présidée par El Malki himself, s’est fixée trois axes de débat portant sur des sujets comme la couverture médicale, la gouvernance du secteur, l’exercice de la médecine, la recherche scientifique, les infrastructures et la carte sanitaire du Maroc.
Signalons également que ladite commission a entamé ses travaux fin août dernier et a d’ores et déjà tranché sur les modalités de son travail afin de formuler des recommandations entrant dans le cadre de la réforme du secteur de la santé. El Malki avait d’ailleurs justifié la création d’une telle instance par l’urgence de cette réforme. Mais pour Al Massae, la législation est le propre du Parlement et de ses commissions permanentes et non d’une commission thématique dont le rôle ne peut concerner un projet aussi important que la réforme de la santé. Une telle manoeuvre enlève ainsi toute légitimité à l’action parlementaire.
Le président de la Chambre des représentants est déjà au coeur d’un scandale aux multiples ramifications, dont la nomination par ses soins de trois membres (proches et membres de l’USFP auquel il appartient) au sein de l’Agence nationale de régulation de l’électricité. Dernier rebondissement en date concernant cette affaire: le PJD demande tout simplement la démission d’El Malki.
C'est le premier vice-président de la Chambre des représentants, et numéro 2 du parti qui dirige l’Exécutif, Slimane El Omrani, qui l'a demandé. C’était lors d'une conférence de presse tenue mardi 22 septembre à son domicile de Tamesna, dans la banlieue de Rabat. Slimane El Omrani a tenu à «dénoncer l'attitude d'El Malki qui a agi en solo alors qu'il représente un parti comptant seulement 20 sièges (sur les 395 que compte la première chambre, Ndlr)». Sur cette question, Slimane El Omrani dit ne voir d'autre solution que la démission du leader ittihadi.