Parcours: ces journalistes devenus ministres

Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et Mohamed El Ouafa, ministre chargé des Affaires générales du gouvernement.

Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et Mohamed El Ouafa, ministre chargé des Affaires générales du gouvernement. . DR

Revue de presseKiosque360. Plusieurs ministres, appartenant aux différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc, ont fréquenté à un moment de leur vie la presse et les journaux. Certains ont été journalistes, d’autres directeurs de publication. Al Akhbar relate leur parcours.

Le 24/06/2016 à 22h54

C’est assez rare mais il arrive que le quatrième pouvoir mène parfois au deuxième. Il n’existe pratiquement pas de passerelles entre les deux, mais certains hommes de presse ont pu franchir le pas et passer du stress des bouclages aux responsabilités de ministres et d’hommes d’Etat.

Le quotidien Al Akhbar s’intéresse aux parcours de ces journalistes ou d’éditeurs devenus ministres, dans son dossier central de l’édition du week-end des 25 et et 26 juin.

On apprend ainsi que l’actuel gouvernement comprend, déjà, quelques ministres ayant roulé leur bosse dans la presse et l’édition. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, en fait partie. Ce jeune ministre a fait ses débuts au journal du parti, Attajdid, comme journaliste puis éditorialiste avant d’en prendre la direction. Devenu ministre de la Communication, il n’a pas été trop dépaysé puisqu' il traite pratiquement avec les personnes qu’il a côtoyées auparavant dans ses anciennes fonctions.

Nabil Benabdellah, ministre chargé de l’Urbanisme et de la politique de la ville a également occupé, entre autres postes, celle de directeur des journaux de son parti (PPS), Al Bayane et Bayane Al Yaoum. Ce qui a fait de lui un candidat idéal pour occuper le poste de ministre de la Communication, sous les couleurs du PPS, dans le gouvernement de Driss Jettou. Benabdellah, traducteur de formation, est également passé par une brève expérience d’ambassadeur du Maroc en Italie.

Ligne éditoriale

Un autre ministre du gouvernement Benkirane a fréquenté le milieu de la presse, Mohamed El Ouafa, ministre chargé des Affaires générales du gouvernement. Il a occupé le poste de directeur de l’imprimerie Arrissala qui imprime les journaux de l’Istiqlal, avant de devenir ambassadeur. Il a ainsi côtoyé des techniciens et autres travailleurs de l’imprimerie durant les quatre années passées à la tête de l’établissement. Même les journalistes d’Al Alam et de L’Opinion ont eu droit à ses intrusions brusques et ses commentaires sur la ligne éditoriale des deux journaux.

Les précédents gouvernements ont vu également défiler plusieurs autres hommes de la presse qui ont occupé des postes politiques. Mohamed El Gahs, ancien éditorialiste et directeur du quotidien Libération, organe de presse de l’USFP, en fait partie. Pourtant, ce fils du peuple né Taza était loin d’imaginer qu’il pouvait un jour se soustraire à ce métier qui accaparait tout son temps et auquel il a tant donné pour piloter le département de la Jeunesse dans le gouvernement de Driss Jettou. L’initiateur de «Sport pour tous», «Vacances pour tous», l’université populaire…, a pu, avant de devenir secrétaire d’Etat, réussir haut la main l’épreuve des urnes. Il s’est présenté aux législatives de 2002 dans la très difficile circonscription de Casablanca, Bernoussi-Zenata, et a battu, à la surprise générale, un candidat islamiste.

Feu Mohmed Larbi Messari, ministre de la Communication dans le premier gouvernement d’alternance fait également partie de ces hommes passionnés par le métier de journaliste. Natif de Tétouan, il a intégré le journal du parti de l’Istiqlal, Al Alam, en tant que rédacteur et l’a quitté des années plus tard comme directeur. Ancien diplomate, secrétaire général du syndicat de la presse (SNPM), Messari n’a jamais renoncé au journalisme même après avoir été ministre. Il a d’ailleurs lancé un périodique qui s’intéresse aux dossiers chauds de l’actualité, pour «garder la main».

L’art et les lettres

Larbi Messari a côtoyé dans le même gouvernement d’alternance deux autres ministres ex-journalistes. Mohamed Achaari, dont le mandat s’est prolongé jusqu’à la fin du gouvernement Jettou, était l’un des éditorialistes les plus lus de son époque avec sa chronique quotidienne, «Œil de la raison» dans Al Ittihad Al Ichtiraki. Au début de sa carrière, Achaari, devenu plus tard ministre de la Culture, n’avait aucun penchant pour le journalisme politique. Ce qui attirait le plus ce poète de talent, c’était l’art et les lettres.

L’autre ministre du gouvernement Youssoufi, Mohamed Aoujjar, Rifain fils de Targuiste, a été rédacteur puis des années plus tard, directeur du quotidien Al Mithaq édité à l’époque par le RNI. Il a été chargé du portefeuille des Droits de l’Homme. Même après avoir quitté le gouvernement, il n’a pas renoncé au journalisme puisqu’il a fondé un centre de recherche, Achourouk, qui a fini par éditer un journal du même nom. Aoujjar est aujourd’hui ambassadeur représentant du Maroc auprès de l’ONU à Genève.

ContributionsAbderrahmane Youssoufi, lui-même, durant sa carrière d’avocat et de juriste a «flirté», comme nombre de militants nationalistes, avec la presse, en publiant régulièrement des contributions et des articles politiques dans la presse nationale.

Comme lui, de nombreuses personnalités politiques et hommes d’Etat, qui ont marqué l’histoire du Maroc, sont passés à un moment ou un autre par la presse et le journalisme. Le journal L’opinion générale édité vers la fin des années 40 par le parti de la Choura et de l’indépendance de Mohammed Ben Elhssan El Ouazzani, a compté dans son équipe de rédaction un certain Abdelhadi Boutaleb, plusieurs fois ministre, et Ahmed Benssouda, conseiller de feu Hassan II.

Une autre personnalité très connue, El Mekki Naciri, alem et ancien ministre des Habous, lui, a concilié pendant des années son métier d’instituteur à sa passion du journalisme. Il a même pu éditer un journal Le peuple dont le premier numéro est paru le 6 juillet 1952, mais cette expérience n’a pas duré longtemps.

Bien sûr, il est difficile d’aborder ce genre de sujet sans citer le fameux éditorialiste, directeur et fondateur du journal Le Matin et du groupe Maroc Soir. La relation de Moulay Ahmed Alaoui, ministre qui a côtoyé trois rois, a démarré bien plus tôt. Alors qu’il était étudiant en médecine en France, il avait déjà trouvé sa vocation de journaliste en étant correspondant d’Al Alam, depuis Paris. Le reste est connu.

Par Amyne Asmlal
Le 24/06/2016 à 22h54