A peine a-t-il terminé un discours truffé de mensonges devant l’assemblée générale de l’ONU, que le président algérien a reçu un vilain camouflet de la part d’Amnesty international. L’ONG a, en effet, demandé au gouvernement algérien de «mettre fin aux atteintes à la liberté d’expression et au militantisme pacifique». Amnesty, qui avait publié des communiqués condamnant les campagnes d’arrestations arbitraires visant les activistes, indique que «des dizaines de militants, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme croupissent derrière les barreaux en Algérie. Leur nombre ne cesse d’augmenter en raison de l’acharnement du gouvernement à arrêter en masse et à porter de plus en plus d’accusations contre les personnes qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression, de réunion et de constitution ou d’adhésion à des associations».
Le communiqué d’Amnesty souligne que ces deux dernières années, les autorités algériennes ont poursuivi, arrêté et placé en détention pas moins de 12 journalistes et professionnels de médias. Depuis le début de l’année 2023, les autorités ont poursuivi cinq journalistes, fermé au moins deux sociétés de presse et suspendu un media pendant 20 jours. L’ONG a indiqué que le 29 août dernier, le tribunal de première instance de Constantine a condamné le journaliste algérien Mustapha Bendjama et le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah à une peine de deux ans de prison ferme. Ils ont été poursuivis pour des chefs d’inculpation infondés: «publication d’informations et de documents classés secrets et réception de fonds accordés par des établissements à l’intérieur et à l’extérieur du pays».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne qu’en juin 2023, la cour d’appel d’Alger a condamné le journaliste Ihsane El Kadi à sept ans d’emprisonnement, alourdissant de deux ans la peine infligée en première instance. Il est incarcéré à la prison d’El Harrache depuis décembre 2022 pour des chefs d’accusation liés à sa profession de journaliste. La revue The Economist avait précédemment résumé le calvaire que vit le peuple algérien en deux mots «hogra» et «harraga». Le premier mot reflète le sentiment d’humiliation, de persécution et d’atteinte à la dignité. Lequel conduit au deuxième mot «harraga» qui est fréquemment relayé et qui reflète le nombre croissant d’Algériens qui aspirent à l’immigration illégale à la recherche d’une vie meilleure en brûlant leurs papiers d’identité.
Le magazine britannique a condamné l’inertie complaisante de la presse algérienne, sous la coupe de l’armée algérienne, en considérant que «les médias officiels lèchent les bottes d’une façon pitoyable au régime algérien. Quant à la presse occidentale, elle est considérée comme hostile. D’ailleurs, aucun correspondant d’un grand journal français ne réside à Alger, l’AFP ayant été contrainte de fermer son bureau».
Par ailleurs, le magazine s’est arrêté sur l’obsession marocaine, introduite par l’armée dans la corporation médiatique en prenant l’exemple d’un professeur d’histoire qui affirme avec une certitude inébranlable que «les médias d’opposition et du hirak ont été infiltrés par le Mossad et reçoivent des pots-de-vin du Maroc». Quant à la presse officielle, poursuit The Economist, «elle voue également une hostilité extrême au Maroc voisin». Des déclarations officielles qui sont un mélange d’arrogance et de paranoïa, selon la même source.