A peine constituée, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a été la cible de tirs croisés de quelques nihilistes hantés par la déconstruction de tout nouveau projet. Mais il est tout de même aberrant qu’un ex-chef de gouvernement se joigne à ce groupe de pessimistes viscéraux pour mettre en doute la "religiosité" des membres de cette commission, selon le terme employé par Abdelilah Benkirane.
Abdelilah Benkirane semble en effet avoir perdu le nord depuis qu’il a été éjecté de la primature. Certes, il je lui a sans doute pas été aisé de digérer un tel lâchage, à condition bien sûr de s’abstenir de cracher dans la soupe, avec une retraite exceptionnelle octroyée de l'ordre de 70.000 dirhams mensuels.
Reconverti à sa première vocation, celle de prédicateur, l’ex-chef du gouvernement s’est cru investi d'une mission: mesurer le degré de foi des uns et des autres au sein de cette commission chargée de plancher sur un modèle de développement pour tout un pays.
Le président de la CSMD, Chakib Benmoussa, qui n’a pas pour habitude de verser dans les polémiques stériles, est d'ailleurs entré dans le vif du sujet lors de l’ouverture de la première réunion de cette commission lundi 15 dcembre dernier.
Il a d’abord défini les deux missions attribuées à cette commission, en l’occurrence le diagnostic de la situation actuelle à partir duquel le nouvel modèle de développement sera élaboré. En habile tacticien, Chakib Benmoussa a donné la parole à chacun des membres de la commission pour qu'ils retracent devant tous leur parcours académique et professionnel.
Autant dire que pour accomplir cette mission, il faut disposer de certaines compétences et de l'expérience requise, et non de croyances, lesquelles relèvent de la liberté de conscience de chaque individu.
En sa qualité de président de cette commission, Chakib Benmoussa a déclaré que sa composition s’était basée sur des conditions précises permettant une harmonie et une complémentarité entre ses membres.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition de ce mercredi 18 décembre, que Chakib Benmoussa a souligné qu’en plus de «la compétence et de l’intégrité, la composition de la commission s’est articulée sur plusieurs autres considérations. Il faut d’abord que ses membres soient très près des affaires essentielles qui concernent la société marocaine en prenant en considération les secteurs vitaux qu’ils représentent et leur adhésion en tant qu’acteurs au sein de la société civile. Ce package nécessite la polyvalence, la représentativité de la gent féminine, l’implication des jeunes, l’ouverture sur les compétences des Marocains du monde et l’attention particulière à donner aux institutions de la gouvernance».
Voilà, Benkirane est édifié, sans virulence, ni mots blessants.
Pour sa part, le quotidien Assabah, qui traite le même sujet dans son édition de ce mercredi 18 décembre, considère que des forces hégémoniques n’ont pas tardé à tirer sur la CSMD dans une tentative de s’accaparer l'attention sur ce centre de décision. Le président de l’association ROA pour le développement et les compétences, Abderrazak Zraidi, estime que les attaques contre cette commission sont d’ordre idéologique, et il les a par ailleurs qualifiées de «répugnantes et sceptiques».
Cet expert en études stratégiques a appelé tous les détracteurs de cette commission à bien consulter les parcours académiques et professionnels du président et des membres de la commission. Les compétences de Chakib Benmoussa, dit-il, ne sont plus à démontrer car il a cumulé autant de diplômes que d’expériences dans les multiples hautes fonctions qu’il a occupées. Quant aux autres membres de cette commission, Abderrazak Zraidi estime qu’il faut être fier de leur parcours, car de l’avis des observateurs étrangers, ils sont classés parmi les meilleurs cadres dans leurs spécialités respectives.
Autant dire, conclut cet intervenant, qu’il ne faut pas hypothéquer l’avenir du pays dans des combats politiques menés par ce qu’il appelle les «pessimistes, le rancuniers et les sceptiques», qui mettent en doute les institutions constitutionnelles du royaume.