Le ministre de l’Economie et des Finances a reconnu, sans ambages, l’existence du clientélisme et le manque de transparence dans les nominations à de hautes fonctions dans l’administration. Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du mercredi 30 décembre, que le coup de gueule de Mohamed Benchaâboun fait suite aux nombreuses critiques qui ont fusé, de tous bords, après la validation de certaines nominations par le Conseil du gouvernement.
Intervenant devant la Commission de la justice et de la législation, le ministre a indiqué que cette problématique devait être résolue, car la loi organique relative à la nomination aux fonctions supérieures ne présente pas de solutions pour remédier à ces dysfonctionnements. Il faut rappeler que les partis de l’opposition avaient accusé le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani de traiter les nominations aux postes de responsabilité avec une logique partisane.
Ce faisant, ajoutent-ils, les composantes de la coalition gouvernementale se partagent ce gâteau tel un butin en transformant les administrations publiques en annexes et sections de leurs partis. Des accusations que le chef du gouvernement a réfutées en affirmant que les personnes qui ont été nommées à ces postes constituent la «crème de la crème» de la fonction publique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Benchaâboun contredit El Othmani quand il affirme devant les parlementaires qu’avant le réexamen de la procédure des nominations, il faut d’abord procéder à une évaluation de l’existant. Une opération devenue nécessaire, précise-t-il, après le diagnostic fait par le roi et son appel à revoir les critères de nomination aux postes de responsabilité.
Le quotidien Al Massae rapporte que, pour Benchaâboun, il faut accorder du temps à ceux qui sont nommés à de hautes fonctions car, poursuit-il, certains secteurs connaissent des nominations récurrentes. Il y va de la pérennité de l’administration, poursuit-il, qui doit garantir la continuité de l’Etat tout en permettant au gouvernement et aux politiques de jouer leur rôle dans l’orientation et l’encadrement. Le ministre de l’Economie et des Finances ne mâche pas ses mots quand il met le doigt sur les critères qui distinguent un poste de responsabilité d’un autre. C’est ainsi, poursuit-il, que l’on trouve un responsable qui supervise 5.000 fonctionnaires, un autre qui gère un budget de 1 à 1,5 milliard de dirhams, ou encore celui dont le staff ne dépasse pas deux personnes. Mais, grand paradoxe, souligne Benchaâboun, ces responsables bénéficient des mêmes critères de nomination, de rémunérations et d’avantages.
Le plus contraignant, regrette-t-il, est que la Constitution restreint la méthodologie des nominations aux hautes fonctions et ne lui laisse pas de marge de manœuvre pour adopter un mécanisme plus souple et plus rapide. C’est pour cette raison, précise-t-il, que des institutions nouvellement créées attendent des années avant que leurs responsables ne soient désignés. Le ministre de l’Economie et des Finances insiste sur la qualification, l’évaluation et les résultats de ceux qui bénéficient de ces nominations à ces hautes fonctions. Encore faut-il préciser qu’ils doivent être motivés par des incitations financières, car on ne peut confier à une personne une mission de cette importance avec un salaire équivalent à celui d’un simple employé d’une société privée.