C’est un constat alarmant que vient de dresser Nizar Baraka de la situation sociale au Maroc. Evoquant un sujet qui fait l’actualité en ce moment, le nouveau patron de l’Istiqlal, qui s’est exprimé cette fois sous sa casquette de président du Conseil économique social et environnemental du Maroc (CESE), a déclaré que la bonbonne de gaz, vendue à 43 dirhams en ville, peut coûter jusqu’à 70 dirhams dans le monde rural, voire 100 dirhams quand le temps commence à se gâter. Ce n’est qu’un exemple de la «mauvaise répartition de la richesse» et de l’absence d’une «équité sociale entre régions», a-t-il affirmé, cité par le quotidien Assabah dans sa livraison des 13 et 14 janvier.
Cet écart entre régions est certes le résultat des spéculations des intermédiaires, mais il est de nature à anéantir la confiance des citoyens dans les institutions élues et dans le jeu politique en général, a soutenu l’ancien ministre chargé des Affaires générales dans le gouvernement d’Abbas El Fassi. Baraka, qui intervenait devant les parlementaires de la deuxième chambre, a de même précisé que le Maroc fait partie de ces pays dans lesquels le volume important des investissements ne se répercute pas sur la situation de l’emploi. Cela, a-t-il expliqué, à cause, sans doute, des multiples dysfonctionnements que connaît la gestion des investissements, aussi bien étrangers que nationaux.
C’est la raison pour laquelle, a-t-il prévenu, il ne faut pas se faire trop d’illusions, le Maroc ne fera certainement pas de bond économique d’ici 2030. Il est impossible, constate-t-il, d’atteindre un revenu par habitant de 1.000 dollars par mois d’ici quinze ans, malgré les efforts que le pays pourra déployer, à moins de changer de modèle de développement. En effet, a-t-il noté, aujourd’hui, la nature des revendications et des attentes sociales a changé, tout comme le mode de consommation de la société, ce qui fait que, malgré l’amélioration des revenus, le changement reste imperceptible pour les citoyens.
En ce sens, ajoute le journal citant la même source, selon l’étude réalisée récemment par le CESE et Bank Al Maghrib, la richesse globale du Maroc a plus que doublé entre 1999 et 2013, passant de 5.904 milliards de dirhams à 12.833 milliards de dirhams, ce qui représente une augmentation annuelle moyenne de 5%. Cependant, malgré cette hausse substantielle, le Maroc risque de connaître davantage de contestations sociales, en raison notamment du nombre inquiétant de chômeurs, dont pas moins d’1,7 million n’ont jamais fréquenté l’école. Le fait que le Marocain lise à peine deux minutes par jour diminue considérablement ses aptitudes de création et d’innovation, d’autant que 40% des jeunes ne savent ni lire ni écrire.
Un bémol toutefois, le Maroc a pu, grâce aux efforts déployés ces dernières années, réduire le taux de la pauvreté, qui est passé de 15,3% à 4,2% et le taux d’analphabétisme, ramené à 32% alors qu’il était à 48%. En même temps, le Royaume a pu réduire le déficit en logement de 50%, généraliser la scolarisation des enfants et l’accès à l’eau potable et au réseau électrique.