Paraît-il, les conférenciers avaient quelque chose d’édifiant à dire sur le conflit saharien. Certains d’entre eux ne se sont pas offert un aller-retour entre le Maroc et la France pour rien. Comme le thème de la conférence, organisée hier mardi 16 novembre à Paris, le laissait entendre, «Sahara 1975-2015, quelles perspectives politiques et géostratégiques ?», les intervenants, dont l’anthropologue marocain, Mustapha Naïmi, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes, devaient expliciter les enjeux de l’offre politique faite par le Maroc pour tourner la page de ce conflit créé de toutes pièces par l’Algérie dans la tentative de nuire aux intérêts du royaume.
D’ailleurs, la solution d’autonomie, saluée par le Conseil de sécurité comme étant «sérieuse» et «crédible», à travers toutes les résolutions adoptées depuis 2007, est la seule proposition à avoir été mise sur la table des négociations à Manhasset, en banlieue new-yorkaise.
Or, ce n’est pas ainsi que cela aura été entendu. D’après les sources du Le360, aucune référence n’a été faite aux efforts entrepris par le Maroc pour solder le contentieux saharien, ni à l’offre d’autonomie, encore moins aux chantiers structurants initiés par le royaume dans les provinces du sud, couronnés par le lancement par le roi Mohammed VI, le 6 novembre dernier, à l’occasion du quarantième anniversaire de la Marche verte, d’un véritable plan Marshall pour le développement du Sahara.
Pire encore, «le colloque s’est transformé en plaidoyer pour les thèses du polisario», déplorent les sources du Le360. Contrairement à ce qui avait été annoncé, la conférence dédiée initialement à la mise en valeur de la thèse marocaine, a dévié de l’idée de départ pour verser dans la propagande gratuite en faveur de la thèse séparatiste. Les intervenants, dont Mustapha Naïmi, chercheur à l’Institut universitaire de la recherche scientifique (IURS) de Rabat, ont plutôt axé sur «les dysfonctionnements existant dans le système marocain» qui, à leurs yeux, «affaiblissent la légitimité des revendications politiques et sociales de la population sahraouie».
Mustapha Naïmi a indiqué, à cet égard, qu’aujourd’hui, les revendications du front Polisario à l’intérieur «des terres contestées» ont pour objectif final la création d’un Etat indépendant et c’est pour cela qu’il milite.
Autre charge larguée par Mustapha Naïmi, ce qu’il appelle les «associations politiques au Sahara» souffrent du fait qu’elles «sont réprimées par l’Etat marocain, qui est loin d’être démocratique».
Et ce n’est pas fini. Monsieur Naïmi trouverait encore à redire sur la gestion des événements de Gdeim Izik, ayant éclaté le 18 novembre 2010. Selon l’académicien, la responsabilité de ces événements, orchestrés par Alger et le Polisario et exécutés par les «frontistes» de l’Intérieur, incomberait plutôt aux autorités marocaines.
Même tonalité relevée chez certains autres intervenants, entre autres Flavien Bourrat, enseignant à l’Inalco, Béligh Nabli, directeur de recherche à l’IRIS. Dans une tentative de souffler sur les braises, ils ont mis en exergue ce qu’ils ont appelé «une politisation de la nouvelle génération sahraouie, qui a pris conscience que la mobilisation de la société civile était finalement la seule solution pour que les revendications des Sahraouis se traduisent politiquement à un moment donné».
Dans la foulée, même l’ONU n’a pas été épargnée. «Ce n’est pas parce que l’ONU ne reconnaît pas le Polisario que cet Etat n’existe pas en droit international», ont cru savoir les intervenants, devant des sympathisants du Polisario accourus en grand nombre pour «réclamer l’indépendance du Sahara» et «dénoncer les actes de répression commis par les autorités marocaines au Sahara».