Le secrétaire général du Mouvement populaire (MP), Mohand Laenser, dont le parti participe à la majorité gouvernementale, intervient peu ou prou sur la scène médiatique. Ce n’est pas par prudence ou faute de sujets à développer mais, reconnaît-il, le MP souffre d’une carence en communication.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Al Ayyam, dans sa dernière livraison, le patron des Harakis évoque plusieurs sujets d’actualité: le quotient électoral, la retraite des parlementaires, le manque de cohésion dans la majorité et les prochaines élections législatives. Ce qui est frappant dans ses propos, c’est qu’il reprend avec une aisance déroutante le mot «populisme» du PJDiste Driss El Azami pour évoquer la liquidation de la caisse de retraite des parlementaires.
Le MP, explique-t-il, a validé cette décision face à la polémique que ce sujet a provoquée car il fallait trouver une solution pour éviter toute confrontation entre le politique et l’opinion publique. Encore faut-il préciser, dit-il, que ceux qui interviennent sur les réseaux sociaux ne représentent pas l’ensemble de l’opinion publique. Autant dire, poursuit Mohaend Laenser, qu’il existe une sorte de populisme dans la polémique suscitée par la retraite des parlementaires. Le leader des Harakis admet que la caisse de retraite des parlementaires connaît un déficit à cause du départ à la retraite précoce des femmes et des jeunes après un seul mandat de cinq ans. Mais il faut savoir qu’en France, par exemple, l’Etat participe à raison de 40% à la caisse de retraite des parlementaires.
Abordant l’amendement du quotient électoral qui divise la majorité gouvernementale, Laenser reconnait que la proposition vient de son parti. Les raisons de ce choix sont multiples, poursuit-il, en affirmant qu’il n'existe pas de règles statiques en matière de systèmes électoraux. Certains pays comme le Maroc adoptent la règle du «plus fort reste», d’autres ont recours à des équations mathématiques compliquées, comme c’est le cas en Belgique et au Canada.
L’hebdomadaire Al Ayyam rapporte que Laenser explique son choix par le fait que le système actuel engendre un déséquilibre entre le nombre de voix et de sièges pour les grands partis. Sans oublier, poursuit-il, que ce système défavorise les petits partis et n’encourage pas le pluralisme partisan et l’existence de plusieurs orientations politiques.
Certains, souligne Laenser, affirment que le PJD est visé par cette proposition car il perdra 15 sièges avec ce nouveau système. Ce n’est pas vrai, dit-il, car si on calque le quotient électoral sur les résultats des élections de 2016, on trouvera que le pourcentage des voix obtenues par le PJD est égal à celui des sièges. Par contre, lors des dernières élections, le parti a glané 25% des voix exprimées contre 32% des sièges parlementaires.
Selon lui, il est donc faux d’affirmer que le PJD a obtenu 25% des voix car en réalité, il n’a obtenu que 25 % des voix du tiers des Marocains qui ont le droit de voter. Par conséquent, analyse Laenser, il est anormal qu’il puisse disposer de 32 % des sièges du Parlement.
Sur le manque de cohésion au sein de la majorité gouvernementale, le MP n’a jamais caché qu’il est difficile de réussir avec une coalition formée de cinq ou six partis. Il a donc toujours défendu la constitution d’un gouvernement avec deux ou trois partis qui peuvent accorder leurs violons sur un seul programme, conclut le patron du MP.