Dans une interview exclusive à Jeune Afrique daté du 11 au 17 janvier, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération Salaheddine Mezouar revient sur le froid diplomatique entre le Maroc et la France. Le 20 février 2014, écrivait à l'époque l'hebdomadaire, "sept policiers français étaient venus remettre à la résidence de l'ambassadeur Chakib Benmoussa, à Neuilly-sur-Seine, une convocation adressée par la juge d'instruction Sophie Kheris à Abdellatif El Hammouchi, directeur de la DGST. Hammouchi n'était plus sur les lieux, déjà reparti pour Rabat, et le majordome de la résidence a refusé de réceptionner le papier bleu, mais le mal était fait".
"Notre sentiment est qu'il n'y a pas chez notre partenaire français de volonté politique réelle de faire obstacle aux manipulations anti-marocaines émanant de milieux connus pour leur hostilité à notre encontre" déclare cette semaine Mezouar à Jeune Afrique. "C'est cette absence d'engagement et de détermination, cette frilosité, cette sorte de porosité constatée au cœur même du pouvoir vis-à-vis des pressions de certains lobbies qui portent atteinte à la sérénité de notre relation".
"Les déclarations du ministre marocain interviennent à un moment où la France, endeuillée par l'attaque meurtrière contre le magazine Charlie Hebdo, a plus que jamais besoin d'un partenaire solide comme le Maroc pour l'aider dans la lutte anti-terroriste", poursuit l'hebdomadaire. "Mais la fermeté du discours marocain laisse pourtant présager que la réconciliation est loin d'être actée". "Le temps de la tutelle est révolu", assène Salaheddine Mezouar.
Le ministre des Affaires étrangères évoque également les sujets chauds qui ont fait l'actualité marocaine récemment: Union africaine, séjour de Blaise Compaoré au Maroc, Affaire du corbeau "Chris Coleman"... Un entretien à lire dans l'édition de Jeune Afrique cette semaine. A ce sujet, Mezouar explique que "nous avons affaire à de la piraterie et à de la manipulation criminelles de documents, dont les acteurs et les comanditaires ne peuvent être que des parties hostiles au Maroc". Le ministre note d'ailleurs que "seuls les e-mails en français, dont la véracité n'est du reste pas prouvée, semblent les intéresser, alors que la majorité des échanges au sein de notre diplomatie est en arabe". Et bien entendu, pour lui c'est l'affaiblissement de la position du Maroc par rapport à la position du Sahara qui semble intéresser les hackeurs. "L'essentiel des mails concerne le Sahara. Il est donc évident que tout cela entre dans le cadre de manipulations visant à déstabiliser notre position sur ce dossier", conclut le ministre.