La ville de Marrakech connaît, depuis quelques années, une série d’infractions au code de l’urbanisme et de cessions illégales de biens fonciers appartenant à l’Etat. Certaines affaires sont toujours en cours d’instruction tandis que d’autres ont été jugées, avec la révocation de plusieurs responsables, dont un wali et des élus. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du jeudi 26 novembre, que la énième violation en date de la loi sur l’urbanisme concerne la construction d’une kissaria sur un site historique. Une infraction qui a poussé le wali de la région de Marrakech, Karim Kassi-Lahlou, à se déplacer sur les lieux, en compagnie d’une commission élargie, pour ordonner l’arrêt de ce chantier.
L’étonnant, dans cette affaire, est que l’entrepreneur a reçu l’autorisation de construire deux niveaux souterrains à quelques encablures de la Koutoubia. Or, ces sous-sols menacent cette célèbre mosquée et d’autres monuments historiques avoisinants dans la ville ocre, déclarée patrimoine mondial de l’humanité. L’intervention du wali a été suivie par l’ouverture d’une enquête judiciaire ordonnée par le parquet général. La police judiciaire a convoqué plusieurs responsables élus et des fonctionnaires communaux, notamment dans le service de l’urbanisme, pour déterminer les responsabilités des uns et des autres dans la délivrance de l’autorisation de construire ladite kissaria.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que l’intervention du wali survient après la venue d’une commission d’inspection générale du ministère de l’Intérieur pour enquêter sur ce dossier. Les membres de cette commission ont entendu les responsables des services concernés de l’urbanisme et de la conservation des monuments historiques sur les circonstances de la délivrance de cette autorisation de construire. Il faut rappeler que si le projet de construction de cette kissaria remonte à 2013, il a toujours été bloqué au niveau du service de l’urbanisme.
C’est une entente illicite entre le wali révoqué, le directeur de l’agence urbaine aujourd’hui emprisonné, et le très contesté adjoint au maire qui a permis à l’entrepreneur de commencer les travaux de construction. Une autorisation qui a provoqué un tollé général parmi les acteurs de la société civile qui ont tiré la sonnette d’alarme sur les graves conséquences de la construction de cette kissaria sur la place de Jamaâ El Fna, tout près de la mosquée Koutoubia et des monuments historiques avoisinants. Ce dossier tentaculaire s’ajoute à des dizaines d’autres projets qui ont violé le plan d’aménagement dans cette zone, avec la complicité des élus et des autorités locales.