Dans une analyse publiée sur le site TheNationalInterest, Emanuele Ottolenghi, politologue affilié à la Foundation for Defense of Democracies, un groupe de réflexion et une organisation de lobbying à Washington, explique comment la reprise des relations entre le Maroc et Israël pourrait contribuer à faire face aux menaces iraniennes et à celles du mouvement intégriste libanais, le Hezbollah, contre plusieurs pays du monde, dont les Etats-Unis.
Emanuele Ottolenghi, dans son analyse, commence par un nécessaire rappel des faits: des agents iraniens se baladent partout dans le monde sous de fausses identités pour porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis et de ses alliés, quitte à fomenter des actes terroristes et de sabotage.
Le 6 janvier dernier, rapporte l’analyste, les services de sécurité marocains avaient interpellé le dénommé Ibrahim Youssef, ressortissant libanais qui sillonnait le monde avec plusieurs faux passeports et cartes d’identité. Sauf qu'au fil des enquêtes, il a été avéré que cet individu était un membre influent du Hezbollah. Que venait-il faire au Maroc? Emanuele Ottolenghi se base sur des faits concrets pour répondre à cette question, en rappelant plusieurs précédents en la matière.
Faux opposants, vrais agents saboteursEn 2014, écrit-il, les services de sécurité du Pérou avaient arrêté Mohammad Amadar, agent de la sécurité extérieure du Hezbollah, qui planifiait un acte terroriste à Lima. Cet agent, muni de faux papiers, était arrivé de Sierra Leone.
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En 2019, les services de police argentins ont arrêté deux ressortissants iraniens qui étaient arrivés dans le pays munis de passeports israéliens (volés en Espagne) et se présentant comme étant des opposants au régime de Téhéran. Quelques mois plus tard, deux autres agents iraniens étaient arrêtés en Equateur, toujours avec le même modus operandi: ils circulaient sous de fausses identités.
Les raisons de la haine«Qu’est-ce que faisait un agent du Hezbollah avec de faux documents au Maroc?», s’interroge alors l’analyste. Cet agent n'avait sûrement pas pour but de profiter du soleil à Agadir ou de faire du ski à Ifrane.
Selon Emanuele Ottolenghi, l’Iran cherche à semer la zizanie dans les pays alliés des Etats-Unis. Et à ce jeu trouble, tous les coups sont permis.
Il convient de rappeler que l’Iran, via le Hezbollah, s’est allié au Polisario, lui assurant un entraînement de "ses troupes" et des armes. C’est cette situation qui a amené le Royaume à couper les ponts avec la république des ayatollahs. En 2017, les autorités marocaines avaient arrêté et extradé aux Etats-Unis un dénommé Tajideen, un Iranien qui finançait le Hezbollah. «L’Iran ne [l']a jamais pardonné au Maroc, après avoir essayé de soudoyer des officiels marocains», pour éviter cette extradition, écrit à ce propos l’analyste américain.
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Au regard de tous ces faits, Emanuele Ottolenghi appelle l’Administration Biden à faire «très attention à ces développements». «Le Maroc est un fort allié des Etats-Unis et a été, historiquement, une voix modérée au sein de la Ligue arabe au sujet du conflit arabo-israélien. La récente normalisation entre le Maroc et Israël est prometteuse, et Washington se doit de la promouvoir pour consolider et élargir les Accords d’Abraham», poursuit le politologue.
Et, cerise sur le gâteau, «Washington a beaucoup à perdre au cas où s’exacerberait le conflit autour du Sahara. Il ne doit pas laisser l’Iran semer ses antennes partout, comme il l’a fait il y a une décennie, en Syrie», conclut-il.
Commentant cette analyse sur Twitter, Robert Greenway, ancien conseiller adjoint à la sécurité américaine, a écrit qu'après «la reprise des relations diplomatiques d'Israël [avec le Royaume, Ndlr], le Maroc peut élargir sa coopération en matière de lutte contre le terrorisme pour faire face à cette menace». Il a aussi déclaré que le Royaume était chanceux d’avoir Abdellatif Hammouchi à la tête de la DGST.