Pourquoi le Maroc n’a pas connu d’actes terroristes depuis celui du café Argana, perpétré en 2011? C’est la question principale à laquelle a tenté de répondre le quotidien arabophone Al Ahdath, dans sa livraison du lundi 17 août.Février 2003. Ben Laden met le Maroc sur la liste des pays à cibler, le considérant comme un ennemi proche. Une démarche qui a été considérée comme une Fatwa et a donné lieu aux attentats du 16 mai 2003. «Ces attaques ont ciblé cinq lieux fréquentés principalement par des citoyens de confession juive et chrétienne, tué 45 personnes et en ont blessé des centaines», rappelle Al Ahdath.
Depuis, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et la Direction générale de la sûreté territoriale (DGST) ont fait de leur mieux pour développer de nouvelles méthodes et d'autres approches de lutte contre le terrorisme au Maroc. Pour Philippe Heymann, professeur de Droit à l’Université de Harvard et auteur du livre «Terrorisme, liberté, gagner sans mener la guerre», le terme ‘guerre’ n’a pas sa place dans cette équation. «Pour le professeur, comme pour beaucoup d’autres, le chaînon manquant est celui de l’écoute, de la compréhension et de l’évaluation», précise Al Ahdath.
Pour le quotidien, Abdellatif Hammouchi, patron de la DGSN et de la DGST, semble proche de cette façon de faire. «L’approche de Hammouchi donne la priorité à l’abandon de la violence. L’objectif principal est que les jihadistes refusent de tuer des civils innocents», souligne le quotidien. Dans un second temps, il veut les pousser à arrêter de propager leur idéologie antiétatique.Le point inédit et exclusif de l’approche Hammouchi semble être, selon le quotidien, son refus d’obliger les jihadistes à opérer une révision de leur idéologie. Bien au contraire, «la priorité est donnée à l’écoute, pour comprendre ce qui se passe dans la tête des jihadistes», indique Al Ahdath. Pour aider à la réussite de cette méthode, les anciens jihadistes récemment libérés et les acteurs des droits de l’Homme ont été tenus à l’écart et n’ont que peu de marge de manœuvre.
Si cette méthode semble pour l’instant porter ses fruits, la menace qui pèse sur le Maroc reste néanmoins très sérieuse et est renforcée par l’instabilité que vivent les pays voisins. Sans oublier la fragilité socioéconomique, principal élément qui favorise le recrutement de futurs jihadistes.