Ce long retard, à propos duquel la direction du parti de l'Istiqlal reste toujours muette, n’a pas échappé aux militants qui avancent diverses explications. La plus répandue est liée aux conséquences du bras de fer opposant le courant «Bila Hawada» qu’incarne Abdelouahed El Fassi, fils du leader historique Allal El Fassi, et celui de Moulay Hamdi Ould Errachid, une grande figure du Sahara marocain qui a réussi à grossir les rangs des élus et des militants sahraouis au sein de ce parti nationaliste.
Les tensions, patentes entre ces deux courants, avaient fait surface, et en public, en février dernier, lorsque Abdelouahed El Fassi, peu enthousiaste face à la montée en puissance de la mouvance Ould Errachid au sein de l’Istiqlal, était sorti de l’ombre en tenant des propos «très durs» contre le clan de Moulay Hamdi Ould Errachid, allant même jusqu'à utiliser les mots de «complot et d’occupation».
Très hiérarchisé, l’Istiqlal est le plus ancien parti du Maroc contemporain. Ould Errachid, député, mais aussi membre du Comité exécutif de ce parti de la coalition gouvernementale, a vite répondu, en traitant le chef de la mouvance «Bila Hawada», Abdelouahed El Fassi, d’homme ayant échoué «aux élections» et «au sein même du parti».
Depuis l’éclatement de ce conflit, Nizar Baraka a toujours minimisé cette affaire qui a, en réalité, eu un impact sur la marche du parti, puisque le comité exécutif de l’Istiqlal ne s’est plus réuni depuis presque deux mois, notent les observateurs.
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«C’est vrai, cette instance ne s’est pas réunie depuis plusieurs semaines, car Nizar Baraka évite que ce dossier n’empoisonne le climat au sein de l’Istiqlal», a déclaré un député istiqlalien membre du Conseil national, le parlement du parti de la Balance, interrogé par Le360.
Un autre militant a expliqué le retard pris dans la tenue des réunions du bureau politique par les lourdes charges qui occupent actuellement Nizar Baraka au sein du gouvernement, en sa qualité de ministre de l’Equipement et de l’Eau.
Les observateurs rappellent aussi que plusieurs cadres de l'Istiqlal avaient fait part de leur mécontentement de n’avoir pas été sélectionnés par le chef du parti pour faire partie du gouvernement et des cabinets ministériels. «Cette affaire a écarté plusieurs cadres du bureau politique en faveur de ministres dont le passé militant au sein de l’Istiqlal reste faible», a estimé un autre responsable istiqlalien dans une déclaration pour Le360.
Ce parti, membre de la majorité gouvernementale aux côtés du RNI et du PAM, va se lancer prochainement dans la préparation de son prochain congrès. Nizar Baraka semble partant comme candidat pour une deuxième mandat à la tête de cette formation. Il reste toutefois un préalable: celui de réussir à ressouder impérativement les rangs et d’instaurer un climat de confiance et de sérénité. Les prochaines semaines diront si Nizar Baraka, en sa qualité de chef, parviendra à obtenir la réconciliation et la paix.