Tensions à l'Istiqlal: Abdelouahed El Fassi, fils de Allal, s'insurge contre Hamdi Ould Errachid... Qui réplique

Hamdi Ould Errachid et Abdelouahed El Fassi, deux ténors du parti de l'Istiqlal.

Hamdi Ould Errachid et Abdelouahed El Fassi, deux ténors du parti de l'Istiqlal. . Le360 (photomontage)

Abdelouahed El Fassi, fils du leader historique de l’Istiqlal, Allal El Fassi, vient de crever l’abcès d'un différend patent qui opposait son camp à celui incarné par une grande figure du Sahara marocain, Moulay Hamdi Ould Errachid, président depuis dix ans du Conseil municipal de Laâyoune.

Le 15/02/2022 à 13h04

La trêve qui était jusqu’à présent imposée entre les deux courants a été rompue le 11 février dernier, lors des funérailles d’un des dirigeants de l’istiqlal, Abdelhaq Hakik, membre du conseil de la mouvance Bila Hawada. Ce dernier est un groupe de contestataires istiqlaliens, qui s’étaient unis en 2012 contre l’élection et la naissance du clan créé par le trublion et syndicaliste Hamid Chabat.

Dans son éloge funèbre pour Abdelhaq Hakik, dont le texte a été rendu public, Abdelouahed El Fassi a tenu des propos estimés «très durs» contre Moulay Hamdi Ould Errachid, député, mais aussi membre du Comité exécutif de ce parti de la coalition gouvernementale, en employant des termes tels qu'«occupation» et «complot», contre le clan de Hamdi Ould Errachid dans ce parti très hiérarchisé, le plus ancien du Maroc contemporain.

Au cours de cette même allocution, Abdelouahed El Fassi n’a pas nommément cité le nom de son adversaire, mais a commenté la situation interne de l’Istiqlal avec un tel luxe de détails, qu'il ne faisait plus aucun doute qu’il visait bien Hamdi Ould Errachid et son influence, devenue grandissante à l'Istiqlal.

Cela étant, Ould Errachid et ses alliés dans le parti sont reconnus, par les militants eux mêmes, pour avoir toujours été à l'origine des succès de l’Istiqlal dans quasiment l'ensemble des régions sahariennes du Royaume.

Le360 a tenté, à plusieurs reprises, de joindre Abdelouahed El Fassi pour qu'il livre un témoignage plus approfondi sur la teneur de ce discours, mais en vain.

Dans son message funéraire, il avait évoqué ce qu’il nomme «le complot intenté contre l’Istiqlal au mois de septembre 2012». Les mots «occupation» et «hégémonie» ont suffi à rendre fou de rage le chef de la tribu des Ould Errachid, qui n’a pas tardé à déclencher l'artillerie lourde en qualifiant, dans une réplique, son vis-à-vis d’appartenir «à un dictionnaire périmé, et à une histoire dont les aiguilles ne reviendront jamais en arrière».

Contacté par Le360, Moulay Hamdi Ouled Errachid a confirmé qu’il s’est «bien défendu» contre Abdelouahed El Fassi. «Je l’ai remis à sa place», a-t-il expliqué, vu qu’il se trouve dans «un état psychologique anormal, depuis qu’il a tout perdu, notamment aux élections».

Pour Moulay Hamdi Ouled Errachid, Abdelouahed El Fassi, cardiologue de profession, «a échoué à devenir député à Salé», lors des élections du 8 septembre 2022. Ce n'est pas tout: il a aussi «oublié le mouvement d’union qui avait marqué l’élection en 2017 de Nizar Baraka (secrétaire général de l'Istiqlal, Ndlr) contre le clan de Chabat».

Nizar Baraka, il convient ici de le rappeler, est le neveu de Abdelouahed El Fassi, les mères des deux hommes politiques étant tante et nièce... A la question de savoir si ce conflit interne entre les deux camps allait perdurer, Hamdi Ould Errachid a répondu qu'il ne le pensait pas.

«Ma réaction a été reçue cinq sur cinq. Je n’ai même pas parlé de cette question à Nizar Baraka», a expliqué le dirigeant sahraoui. A l’Istiqlal, des militants s’interrogent sur les raisons qui ont poussé le fils de Allal El Fassi à réagir aussi intempestivement, alors même que le parti traverse une phase délicate.

D’autres militants, interrogés par Le360, reconnaissent «l’influence qu’exerce le camp Ould Errachid dans la direction du parti», et imputent le recul de Abdelouahed El Fassi à une intervention de Nizar Baraka. El Fassi n'a en effet pas (pour l'heure) répliqué aux mots de Hamdi Ould Errachid, après ce combat qu'il a amorcé.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 15/02/2022 à 13h04