Les vifs échanges entre le RNI et le PJD ont vite dépassé le cadre de la majorité gouvernementale. Voici, en effet, que l’Istiqlal se mêle à cette querelle interne en qualifiant toute la coalition gouvernementale de capricieuse, estimant qu'elle est enfoncée dans ses égoïsmes et ses luttes pour le leadership. Ce qui fait dire à ce parti de l’opposition que le gouvernement est, lui-même, en situation de blocage.
Dans un communiqué du comité exécutif, réuni mardi dernier et dont le quotidien Al Ahdath Al Maghribia se fait écho, le parti conduit par Nizar Baraka, ancien président du Conseil économique et social, considère que ces querelles au sein de la majorité ont eu pour effet un blocage qui paralyse actuellement l’Exécutif, ce qui ne manquera pas de se répercuter négativement sur la vie politique sociale et économique.
Le parti d’Allal El Fassi a ainsi mis en garde le gouvernement contre le risque de voir les intérêts des citoyens et les chantiers de réformes lancés récemment, notamment dans le domaine de la formation professionnelle, de la protection sociale et de l’équité fiscale, tributaires d’un gouvernement capricieux, adossé à une majorité sous l’emprise de conflits internes et de luttes de leadership.
Pire encore, ajoute le communiqué du comité exécutif de l’Istiqlal, le gouvernement semble profiter de la situation et tente ainsi de se dérober à ses responsabilités en inventant des disputes et des conflits entre les composantes de la majorité. Ce qu’il pourrait avancer comme excuse pour, finalement, ne pas rendre de comptes devant les citoyens. C’est que les membres du gouvernement excellent, depuis quelque temps, dans les «clashs», un exercice de joutes verbales qui était naguère l’apanage des chanteurs de «rap», ironise pour sa part le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son numéro du même jour.
Nul doute, poursuit l’éditorialiste d’Al Akhbar, que les «clashs politiques» se sont multipliés de manière notable depuis le gouvernement de Benkirane. Et ce genre de comportements dénote une grave lacune dans le dialogue organisé et normalisé au sein des institutions constitutionnelles et politiques. L'éditorialiste évoque, à ce propos, le ministre d’Etat, Mustapha Ramid qui, passé maître dans cet art, s'attaque tantôt, sur son «mur» facebook, à des membres du gouvernement, tantôt à la Justice et tantôt encore à la presse.
S’en prendre ainsi à un ministre doublé d’un chef de parti politique membre de la majorité à travers une lettre ouverte, comme l’a fait le ministre Ramid, est tout simplement, souligne l’éditorialiste, un signe flagrant de manque de cohésion dans cette majorité et d’absence de solidarité au sein du gouvernement.