Libye: Daech mobilise les services de renseignement marocains, français et espagnols

Abdellatif Hammouchi avait reçu, en octobre 2014 à Madrid, la décoration de «La croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge». 

Abdellatif Hammouchi avait reçu, en octobre 2014 à Madrid, la décoration de «La croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge».  . MAP

Revue de presseKiosque360. L’enlisement du dialogue inter-libyen et la montée en puissance vertigineuse de l’antenne libyenne de Daech, Ansar Charia, sont au centre d’un véritable ballet sécuritaire entre Rabat, Madrid et Paris.

Le 10/06/2015 à 10h10

Daech a démonétisé la marque Al-Qaïda au Maghreb islamique à un rythme tel que le danger a bel et bien fini par toucher l'Afrique du Nord, et au-delà. Du côté du Maghreb, comme de celui de la rive nord de la Méditerranée, l’heure est à la mobilisation tout azimut. «Coordination sécuritaire renforcée entre le Maroc, l’Espagne et la France pour affronter Daech», titre, en Une, Al Massae dans son édition de ce mardi 9 juin. «Les rapports établis par les services de renseignement des trois pays mettent en garde contre la montée en puissance de l'hydre Daech», révèle encore le quotidien, qui se fait l’écho de ce «ballet sécuritaire intense» destiné à préparer la riposte au risque avéré d’une véritable insémination, ici et là, de groupes terroristes affiliés à Daech qui semble avoir sous-traité son idéologie de la terreur à son antenne libyenne, abusivement baptisée «Ansar Charia». L’enlisement du dialogue inter-libyen fait d’ailleurs le jeu de cette succursale libyenne du présumé «califat» d’Abou Bakr Al-Baghdadi qui, livré aux coups de boutoir des chasseurs de la coalition internationale en Irak et en Syrie, chercherait à «délocaliser» son QG vers Benghazi, où les camps d’entraînement de terroristes poussent comme des champignons.

Face à cette inquiétante montée en puissance, l’Occident panique et se tourne aujourd’hui et plus que jamais vers le Maroc et plus précisément vers ses services de renseignement, connus et reconnus internationalement pour leur inégalable capacité d’anticipation. Pas plus tard que vendredi dernier, le ministre espagnol sortait publiquement pour menacer d’une intervention militaire en Libye, emboîtant ainsi le pas au ministre italien des Affaires étrangères qui soufflait le chaud et le froid pour amener les parties belligérantes en Libye à mettre de côté leurs divergences politiques et faire, comme l’a souligné aujourd’hui le Quai d’Orsay, à Paris, le «choix du consensus et de l’union».

Parallèlement à cette levée de boucliers militaro-sécuritaire, les rivaux libyens, réunis lundi et mardi à Skhirate, se sont envolés d'urgence vers l’Allemagne où ils devraient rencontrer des diplomates des cinq pays permanents du Conseil de sécurité réunis à Berlin. C'est dire à quel point l’heure est grave. Et elle risque de le devenir davantage, à mesurer la fragilité sécuritaire dont pâtit l’Algérie, confrontée à l’inconnu du fait de la vacance du fauteuil (pas du tout roulant !) d’Abdelaziz Bouteflika, et au chaos dans lequel s'embourbe la région sahélo-saharienne au Mali, au Niger …

Le quotidien US Washington Post avait tiré, dernièrement, la sonnette d’alarme sur le risque de transformation de la Libye en QG de l’activité terroriste de Daech à l’échelle de toute la région euro-méditerranéenne. Une alerte qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le renforcement de l'axe Rabat-Madrid-Paris pour faire front commun contre Daech en est l’illustration la plus éloquente.

Par Ziad Alami
Le 10/06/2015 à 10h10