Après l’avoir aidé à remporter son siège à Fès, Abou Hafs risque de causer l’annulation du mandat de Hamid Chabat. En effet, les responsables du PJD de la ville affirment avoir réuni les éléments nécessaires pour lancer un recours près le Conseil constitutionnel pour annulation de la liste de Hamid Chabat. Ils n’attendent plus que le feu vert de Benkirane, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce week-end des 15 et 16 octobre.
Selon les avocats du parti islamiste, il s’avère que, selon la loi, le colistier de Hamid Chabat, le cheikh salafiste Abdelouahab Rafiki, alias Abou Hafs, est inéligible et ne peut donc pas se porter candidat aux élections. Et cela, en raison de sa condamnation à trente ans de prison ferme pour terrorisme. Il a certes été libéré suite à une grâce royale après neuf ans de réclusion, mais il a omis d’entreprendre une procédure de réhabilitation.
Il faut préciser que c’est le cas également de plusieurs anciens détenus salafistes qui ont voulu se présenter aux élections. Ils se sont rendus compte que malgré la grâce royale la condamnation figure toujours sur leur casier judiciaire. Et au moment de former les listes de candidatures, il était déjà trop tard pour entamer une procédure qui dure généralement plusieurs mois.
L’article 60 du Code pénal précise bien que la réhabilitation, en elle-même, n'est pas une cause d'extinction, d'exemption ou de suspension de la peine; elle efface seulement pour l'avenir les effets de la condamnation et les incapacités qui en résultent.
Bref, en plus de ce vice de forme qui entache la candidature d’Abou Hafs et annule donc automatiquement la liste et, par conséquent l’élection de Hamid Chabat, les responsables locaux du PJD ont retenu d’autres infractions contre le chef de file de l’Istiqlal. Chabat aurait ainsi continué sa campagne électorale le jour même de scrutin, comme il aurait distribué ses tracts en dehors de sa circonscription, ce qui représente également une infraction aux lois électorales.
Ce n’est pas seulement la campagne électorale de Hamid Chabat qui a été passée au crible fin par les responsables et les directeurs de campagne du PJD, mais aussi celles du PAM et du RNI. Ainsi, les islamistes disent ainsi avoir réuni les preuves nécessaires pour intenter un recours en annulation de l’élection de Abdelaziz Lebbar du PAM et de Rachid El Faiq du RNI près le Conseil constitutionnel.
Ils n’attendent plus, même pour ces deux derniers, que l’aval de secrétariat général du parti et de Abdelilah Benkirane pour saisir la justice constitutionnelle. Si ces recours aboutissent, le nombre de sièges remportés par le PJD à Fès pourrait passer à sept. Chose qui, estime ce journal proche du parti islamiste, devrait mieux refléter la carte électorale de la ville dans laquelle le PJD a remporté quelque 82.000 voix.