Lu devant plus de mille personnes par le président de la région Dakhla-Oued Eddahab, El Khatat Yanja, le souverain a souligné que "notre orientation africaine sincère procède de notre foi profonde dans la capacité de l'Afrique à relever les défis qu'elle affronte".
"Elle illustre aussi notre souci de contribuer aux côtés de nos frères à l'essor du continent", a indiqué le roi. Dans le message aux participants, le roi Mohammed VI a évoqué les provinces sahariennes du Maroc et le rôle qu'elles jouent comme pont entre le royaume et le reste de l'Afrique. Le souverain a mis en valeur le rôle que joue le Maroc en matière de maintien de la paix, de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme.
"La région du Sahara marocain en général, et la ville de Dakhla en particulier, occupent une place de choix dans cette orientation pour remplir le rôle historique qui est le leur en tant que trait d'union entre le Maroc et sa profondeur africaine", lit-on dans le message royal. La paix et le développement de l'Afrique constitue le principal thème du 3ème forum de Dakhla dont les travaux s'achèveront le 21 mars.
Plusieurs ministres, chefs de gouvernement et d'experts venus d'Afrique, d'Europe, des Caraïbes et du Moyen-Orient participent à ce congrès. Jean Paul Carteron, président de la Fondation Crans Montana, a salué le message royal et le rôle que joue le souverain en faveur de la paix et de la prospérité.
Voici par ailleurs le texte intégral du message du royal dont lecture a été donnée par le président de la région de Dakhla-Oued Eddahab:
«Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons, Excellences, Mesdames, Messieurs, Il Nous est, tout d’abord, agréable d’adresser ce message aux participants à la session annuelle de ce forum international singulier, qui tient ses assises pour la troisième fois consécutive à Dakhla, une ville que Nous entourons de Notre sollicitude, et que Nous espérons ériger en espace de rencontres et en axe de communication entre le Maroc et sa profondeur africaine.
Le Forum de Dakhla est devenu une étape saillante parmi les rendez-vous intellectuels et culturels majeurs, compte tenu de la qualité et de la stature des éminentes personnalités qui y participent, et qui sont issues du monde de la politique, de l’économie, de la culture et de l’information, ainsi que des structures de la société civile. Cela tient aussi au niveau élevé des débats et à l’importance des thématiques et des défis qui y sont abordés.
Mieux encore, ce forum a contribué à la formulation de solutions pratiques à de nombreuses problématiques. C’est ainsi qu’un certain nombre de ses recommandations ont été traduites dans les faits par des initiatives concrètes. C’est également un espace pour émettre les idées et échanger les savoir-faire dans les domaines intéressant le continent africain.
A cet égard, Nous tenons à saluer le choix judicieux des sujets importants qui seront traités au cours de cette session, notamment celui de la définition des contours et des caractéristiques de « la nouvelle Afrique du vingt-et-unième siècle », étant entendu que l’Afrique est prioritaire dans la politique extérieure du Royaume.
Excellences, Mesdames, Messieurs, Le Maroc a foi dans la capacité de l’Afrique à relever les défis auxquels elle est confrontée, et à favoriser le développement humain et durable de ses peuples, eu égard aux ressources naturelles considérables et aux importantes compétences humaines dont elle dispose.
Toutefois, la renaissance africaine souhaitée reste tributaire du degré de confiance que nous avons en nous-mêmes et de la nécessité de compter sur nos potentialités et nos capacités propres et d’en faire un usage optimal, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud rentable et d’un partenariat stratégique et solidaire entre les pays du Sud.
Nous sommes persuadés de gagner ces paris. Car l’Afrique d’aujourd’hui est gouvernée par une nouvelle génération de dirigeants pragmatiques et décomplexés par rapport à des idéologies d’un autre âge; des dirigeants qui œuvrent avec un patriotisme sans faille et un sens élevé des responsabilités pour la stabilité de leurs pays respectifs et pour leur ouverture politique, leur développement économique et leur progrès social.
Nous sommes ravis d’aller main dans la main avec les dirigeants qui ont à cœur d’assurer l’unité et le progrès de l’Afrique- le continent de l’avenir- et de veiller sur les intérêts de leurs peuples, et d’œuvrer de concert avec eux pour renforcer le rôle croissant de l’Afrique et conforter la position éminente dont elle jouit dans les relations internationales.
Excellences, Mesdames, Messieurs, La coopération Sud-Sud, axée sur la culture du partage et de la solidarité, est le mécanisme qui offre à nos pays la possibilité d’un partage direct et immédiat de nos expertises, d’un développement harmonieux de nos expériences sur le terrain et d’une fructification optimale de nos complémentarités. Elle nous habilite aussi à élargir nos marchés nationaux, à s’offrir des opportunités pour un investissement efficient et bénéfique et à réaliser un développement humain efficace, dans le cadre de la souveraineté nationale et du respect mutuel entre partenaires égaux.
C’est sur cette base et au fil des années que le Maroc a développé un modèle multidimensionnel qui ne se limite pas uniquement à l’économie dans ses différentes composantes, que ce soit celles relatives à la production agricole, industrielle et énergétique ou celles afférant au secteur des services, notamment bancaires, les assurances, le transport et la logistique. Il s’étend aussi à des domaines divers et complémentaires, notamment sociaux, culturels, sécuritaires et religieux.
A cet égard, le Royaume du Maroc attache une importance particulière à l’élément humain, que ce soit à travers la formation et la qualification ou par la mise en œuvre des programmes de développement humain et durable, qui ont un impact direct sur l’amélioration des conditions de vie du citoyen africain.
De plus, le Maroc est soucieux de renforcer la sécurité et la stabilité dans les différentes régions de l’Afrique.
Ceci est particulièrement manifeste à travers sa contribution aux opérations de maintien de la paix conduites sous la bannière des Nations Unies, et les initiatives de médiation qu’il mène pour le règlement des conflits par les moyens pacifiques. A cela s’ajoutent la coopération sécuritaire engagée dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes et le partage de l’expérience marocaine en matière de religion, en la mettant à la disposition des pays africains ; une expérience fondée sur la promotion de l’islam médian modéré et la lutte contre l’idéologie de l’extrémisme et du repli sur soi.
Excellences, Mesdames, Messieurs, Depuis la tenue de votre forum, l’année dernière, le Maroc s’est attaché à concrétiser son approche vis-à-vis de ses frères dans le continent, celle qui consiste à œuvrer au renforcement de la coopération, parallèlement, sur trois plans : le bilatéral proprement dit, le régional et le continental.
A cet égard, et sur le plan bilatéral, J’ai effectué plusieurs tournées aux quatre coins du continent. Celles-ci ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives prometteuses par rapport à des pays avec lesquels nos relations étaient faibles ou inexistantes, de manière à ce que cela soit mutuellement bénéfique pour nos peuples.
Sur le plan continental, et en marge de la Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 22), tenue à Marrakech, Nous avons convoqué un « Sommet Africain de l’Action» pour prendre à bras le corps les problématiques des défis climatiques qui se posent pour l’Afrique, et pour atteindre, à terme, un développement durable qui préserve nos ressources naturelles.
Dans le cadre du mandat qui M’a été confié par ce Sommet, J’accompagne de près toutes les initiatives pratiques appelées à former le noyau de notre action collective dans ce domaine.
Citons plus particulièrement les projets régionaux ambitieux dont sont chargées les commissions dédiées au développement du Sahel, notamment le Lac Tchad, la mise en valeur du Bassin du fleuve Congo, la conservation des spécificités des Etats insulaires, ou encore les initiatives constructives centrées sur des sujets sectoriels stratégiques comme la réalisation de la sécurité alimentaire en Afrique et la recherche de solutions à la problématique énergétique.
Face aux besoins énergétiques croissants de notre continent, nos pays n’ont d’autre choix que de mener à bien leur transition énergétique et d’investir dans les énergies renouvelables, surtout eu égard aux grandes potentialités qu’ils recèlent dans le domaine des énergies solaire, éolienne et hydrique. Ils pourront ainsi répondre à leurs besoins en la matière, combler le déficit dont ils pâtissent à ce niveau, favoriser le processus de développement et consolider la paix et la stabilité en Afrique.
Le Maroc s’affirme comme un modèle en matière de transition énergétique. En effet, bien qu’il ne dispose pas de sources d’énergie fossiles, il a réussi en un temps record à faire du domaine énergétique un axe de la coopération Sud-Sud, notamment avec de nombreux pays africains frères.
Mais l’événement le plus marquant de cette année au niveau continental, reste le retour historique du Maroc à sa place naturelle et légitime, au sein de l’institution de l’Union Africaine, pensé comme un choix irréversible sur la voie de la solidarité, de la paix et de l’unité, qui doivent rassembler les peuples africains.
Fidèle à lui-même, le Maroc sera en tête des pays qui contribueront résolument et fortement à servir les intérêts du continent et à renforcer l’unité et l’interdépendance de ses peuples, sans, pour autant, renoncer à défendre ses intérêts supérieurs, avec, au premier chef, son unité nationale et son intégrité territoriale.
C’est dans le cadre du volet régional que s’inscrit la demande d’adhésion du Maroc au sein de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, auxquels nous unissent des liens séculaires, humains, civilisationnels et spirituels, et des relations privilégiées de coopération fructueuse et de solidarité agissante.
A cet égard, le projet structurant du gazoduc qui reliera le Nigeria au Maroc, constitue un modèle de coopération régionale qui profitera à onze pays africains.
Il s’agit d’un projet structurant qui ne se limite pas au transport du gaz entre deux pays frères, mais qui constituera aussi une source d’énergie essentielle pour les pays de la région, et contribuera également à accroître leur compétitivité économique et à stimuler leur essor industriel. Il permettra aussi de mettre en place une structuration efficiente du marché énergétique et aura un impact majeur sur la réalisation de la complémentarité et de l’intégration régionales.
Excellences, Mesdames, Messieurs, Notre orientation africaine sincère procède de notre foi profonde dans la capacité de l’Afrique à relever les défis qu’elle affronte. Elle illustre aussi notre souci de contribuer aux côtés de nos frères à l’essor de notre continent.
La région du Sahara marocain en général, et la ville de Dakhla en particulier, occupent une place de choix dans cette orientation pour remplir le rôle historique qui est le leur en tant que trait d’union entre le Maroc et sa profondeur africaine.
Aussi, avons-Nous constamment œuvré, à travers le modèle de développement propre à nos provinces du sud et les projets que Nous y avons lancés, à assurer leur mise à niveau, à les doter de tous les atouts clés -infrastructures, institutions élues, services socio-culturels- et à les hisser au rang de pôles économiques intégrés offrant un espace propice à l’interaction humaine et s’affirmant comme un pivot pour les échanges économiques avec les pays africains.
A ce propos, Nous ne manquons pas d’exprimer toute Notre considération à M. Jean Paul Carteron, Président de la Fondation « Crans Montana », et à tous les membres de la Fondation, pour la confiance témoignée au Royaume du Maroc afin d’accueillir cet important forum international.
Nous apprécions aussi l’intérêt qu’ils portent aux questions liées à l’Afrique, et qui a vocation à favoriser l’émergence d’une conscience collective quant à la nécessité d’un renforcement de la dynamique que connait le continent.
Nous avons bon espoir que se poursuive votre apport par la formulation de recommandations et de propositions concrètes portant sur les différentes problématiques et les divers paris que nous affrontons. Le but ultime est de renforcer la complémentarité et l’intégration africaines et d’ouvrir un éventail plus large de perspectives devant la coopération entre les pays du continent et avec le reste des groupements régionaux et continentaux, et ce, dans le respect des spécificités et des constantes nationales de chaque pays.
Pour conclure, Nous aimerions souhaiter la bienvenue à tous les hôtes du Maroc, qui participent à ce forum mondial, ainsi qu’un agréable séjour dans la ville de Dakhla, joyau du Sahara marocain, et prions le Très-Haut de couronner vos travaux de succès’’.