Dans une interview accordée au quotidien Assabah, et parue dans son édition du mercredi 21 octobre, Bachir Dkhil, membre fondateur du Polisario, a d’abord écarté d’un revers de la main toute possibilité d’un recours à un conflit armé au Sahara, comme cela transparait des menaces à peine voilées. D’une part, parce que nous ne sommes plus à l’ère de la guerre froide où chaque belligérant pouvait engranger des soutiens au sein de son groupe idéologique. D’autre part, l’armée marocaine a gagné en modernisation, en professionnalisation et en puissance de feu, à tel point que tout aventurisme du Polisario sur le terrain militaire serait un suicide instantané.
D’ailleurs, si le Polisario pouvait croire un seul instant à la solution militaire, il n’aurait jamais accepté de signer l’accord de cessez-le-feu de 1991, explique Bachir Dkhil. C’est donc contraint qu’il a signé un quasi-armistice déguisé, misant sur une guerre psychologique où il essaie de manier l’arme de la propagande mensongère distillée au quotidien par ses protégés algériens.
D’ailleurs, c’est l’Algérie qui, en faisant obstruction à la construction du Maghreb, seule région du monde où les pays voisins sont encore écartelés, prouve ainsi son implication directe dans le conflit du Sahara où elle est la principale partie prenante, se cachant derrière sa marionnette, le Polisario.
Bachir Dkhil, en homme qui peut comparer les habitants des camps de Lahmada à ceux vivant au Sahara marocain, démonte, chiffres à l’appui, le mensonge du Polisario qui s’érige illégalement en unique représentant des Sahraouis. En effet, selon Dkhil, 73% des Sahraouis vivent au Maroc, militent au sein de partis politiques nationaux et participent depuis 1976 à toutes élections qui se déroulent régulièrement au Maroc, pour désigner leurs représentants au Parlement, ou dans les conseils communaux, régionaux et autres. Et ce au contraire du Polisario, qui n’a jamais enregistré la moindre évolution démocratique, mais continue à imposer sa dictature aux camps sahraouis de Lahmada, sous les ordres des régimes algériens qui se sont succédé depuis le milieu des années 70 du siècle passé.
C’est cette situation qui conduit aujourd’hui à la multiplication des mouvements de contestation et de scission au sein du Polisario. Sous l’effet conjugué de la pandémie de coronavirus, de la crise financière en Algérie, de l’inactivité «diplomatique», mais aussi du tarissement de l’aide qui servait de fonds de commerce aux dirigeants du Polisario, la situation devient de plus en plus explosive au sein des camps.
Pour détourner l’attention de l’opinion publique internationale, le Polisario a choisi la carte de la provocation à El Guerguerat, d’où il vient d’être chassé sèchement par l’ONU. Car, Brahim Ghali a oublié, précise Bachir Dkhil, que le passage situé à la frontière maroco-mauritanienne est devenu stratégique non seulement pour les Etats de la région ouest-africaine, mais également pour les pays d’Europe.
Pour ce qui est du dernier rappel à l’ordre lancé par Guterres au Polisario, Dkhil estime qu’il a une signification particulière: l’ONU a mis à nu un autre mensonge du Polisario qui consiste à parler de «territoires libérés». Or, cette notion n’existe pas pour la Minurso, pour laquelle le Sahara marocain comprend deux parties. Celle située à l’ouest du mur de défense et qui est entièrement sous souveraineté marocaine, et celle située à l’est du mur et qui est qualifiée de «zone démilitarisée».
Enfin, Bachir Dkhil fustige les séparatistes de l’intérieur, en leur rappelant que le militantisme n’est pas une marchandise qui se vend au plus offrant, pas plus que le patriotisme.