Le gasoil russe revient à la surface et la polémique reprend de nouveau. Tout le monde le sait, depuis quelques mois les importations du Maroc en carburant originaire de la Russie ont considérablement augmenté. Les opérateurs nationaux sont accusés d’importer ce gasoil à un prix très bas et de l’écouler sur le marché local à plus de 12 dirhams le litre, rappelle le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du lundi 13 mars.
«Pures allégations». Citant la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, qui a évoqué le sujet vendredi dernier, le quotidien affirme que, dans cette affaire, «des membres du gouvernement sont victimes de chantage». De son côté, le député RNI et président de la commission des Finances à la première Chambre, Mohamed Chaouki, assure qu’aucune goutte de ce gasoil n’est écoulée sur le marché local. Le gasoil russe importé n’est, dans l’absolu, pas destiné au marché national, martèle-t-il.
Mais où va-t-il donc ? Là, le même député, qui intervenait en fin de semaine lors d’une rencontre organisée par la Fondation Fkih Tétouani, à Rabat, pointe ouvertement du doigt une compagnie étrangère qui opère depuis des décennies au Maroc et qui serait responsable de cette hausse remarquable des importations de ce produit. C’est la première fois, souligne le quotidien, qu’un responsable apporte une telle précision sur l’affaire, depuis son éclatement à la suite d’une question écrite soumise par un député socialiste à la ministre de la Transition énergétique.
«C’est cette compagnie anglo-néerlandaise qui achète effectivement ce gasoil», poursuit le député Mohamed Chaouki. Il explique que les transactions ont bien lieu dans les ports du Royaume, mais le gasoil acheté n’est pas destiné à la consommation nationale. Il est tout simplement revendu aux opérateurs étrangers, selon la loi de l’offre et de la demande. Le député laisse entendre que la société mère importerait le gasoil au nom de sa filiale marocaine et le revend ensuite sur le marché international.
Cela dit, le député RNI insiste sur le fait que l’importation du gasoil russe n’est pas interdite. Tout le monde peut se procurer à tout moment du pétrole russe, ou ses dérivés, à condition que le prix d’acquisition soit en deçà du plafond fixé qui est de 60 dollars le baril.
Une réalité que confirme de son côté le député istiqlalien Lahcen Haddad. Ce dernier rejette toutefois cette allégation qui veut que le gasoil russe soit à moins de 2 dirhams, comme l’insinue le député socialiste dans sa question à la ministre Benali. C’est une erreur grossière, note-t-il.
Partant de là, les déclarations de Haddad et Chaouki semblent aller en contre-sens des précisions du porte-parole du gouvernement qui a révélé, mercredi dernier, que le gasoil russe représente moins de 10% des parts du marché national.
De toutes les manières, et c’est une réalité que personne n’ignore, le marché du carburant est libéralisé. D’une part, chacun peut importer là où il veut, à condition de respecter les normes techniques et de qualité requise. D’autre part, l’importation du gasoil russe est tout à fait légale pour tout le monde. La seule contrainte imposée à l’échelle internationale c’est de respecter le plafonnement du prix du pétrole acheté à ce pays.