Arrivé vendredi 5 juin à Libreville, c’est aujourd’hui que le roi Mohammed VI, accompagné d’une forte délégation, entame sa visite de travail au Gabon, quatrième et dernière escale d’un périple africain riche en symboles et en opportunités d’affaires.
Les relations entre le Maroc et le Gabon sont vieilles de 40 ans. Aujourd’hui, c’est un nouveau chapitre de cette relation fraternelle et quasi filiale - les relations entre feu Omar Bongo et le défunt roi Hassan II étaient exceptionnelles-, qui se crée en lettres majuscules.
Les observateurs sont unanimes à souligner la particularité de l’étape gabonaise du périple royal, à l’image de l’accueil fervent qui a été réservé vendredi au roi par le président gabonais, Ali Bongo Odimba, et le peuple gabonais frère qui a investi les rues pour acclamer le souverain au son de «Vive le roi Mohammed VI» et réaffirmer l’amitié indéfectible qu’il porte au royaume du Maroc. Une amitié qui va être traduite par moult projets de coopération qui vont rythmer l’activité royale aujourd’hui lundi 8 juin.
Signature d'accords bilatéraux
Selon le programme annoncé par la présidence gabonaise, le roi Mohammed VI et le chef de l’Etat gabonais, après un entretien en tête à tête, rejoindront le grand auditorium du Palais de la Rénovation pour une présentation de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH-Maroc) et de la Stratégie d’investissement humain du Gabon (SIHG-Gabon). Ils présideront ensuite la cérémonie de signature des accords bilatéraux, intégrant des conventions relatives au centre d’hémodialyse pour les enfants et au centre pour enfants autistes.
Les deux chefs d’Etat procéderont, par la suite, au lancement des travaux du futur centre de formation professionnelle à Angondé. Ce centre, le premier en son genre au Gabon, sera orienté vers le renforcement des capacités dans les métiers du transport et de la logistique avec l’appui et l’expertise de la Fondation Mohammed VI pour le développement durable et l’Office marocain de la formation professionnelle et de la promotion du travail.
Au terme de sa visite, le roi Mohammed VI fera un don de 10 tonnes de médicaments et de matériel médical, au cours d’une visite à l’Ecole d’application du service de santé militaire, à Libreville.
Mohammed VI en Afrique, le sens d’un périple
Alors que le périple royal tire à sa fin, surgit une question inévitable: que faut-il en retenir? Trois éléments fondamentaux sont à souligner: il y a, tout d’abord, cet intérêt remarqué et remarquable porté par le souverain au développement humain en Afrique. Du côté du Sénégal, raccordement en électricité de deux villages à Saint-Louis, pose de la première pierre de la Cité des fonctionnaires, don de médicaments et d’un dispositif médical, entre autres initiatives à vocation sociale. Idem pour l’étape bissau-guinéenne, marquée par la remise d’un don royal d’équipements d’élevage, de 10 tonnes de médicaments et, last but not least, d’une opération de soins au profit de 1.000 patients bissau-guinéens. Il en va de même pour l’escale ivoirienne du souverain, marquée par l’inauguration d’un village de pêche à Abidjan, le réaménagement de la baie de Cocody …
Deuxième élément majeur de ce périple, la mise à disposition de l’expertise marocaine en terme de formation professionnelle. Un geste d’autant plus significatif qu’il sort du schéma classique de «l’Afrique assistée» dans lequel l’Occident veut la confiner. L’approche royale de la coopération Sud-Sud est novatrice, elle s’inscrit sur le mode de la rupture avec une conception (coloniale) qui consiste à maintenir l’Afrique dans un état de dépendance permanent et lui dénier le droit et toute possibilité de prendre son destin en main.
Troisième élément majeur à retenir, la nouvelle forme de partenariat économique que le royaume tisse avec l’Afrique sur la base du principe gagnant-gagnant. A cet égard, il y a lieu de souligner la volonté du royaume de mettre en place un partenariat équilibré qui prend considération le facteur de développement endogène à l’Afrique, rompant ainsi avec une approche classique qui ne perçoit l’Afrique qu’à travers le prisme (colonialiste) des ressources naturelles à exploiter.
En somme, un nouveau mode de coopération afro-africain se met en place et c’est tout à l’honneur du royaume et de ses partenaires d’Afrique de l’Ouest.