L’armée algérienne reconnait l’assassinat des deux vacanciers marocains près de Saïdia

Drapeaux algériens. Photographie d'illustration.

Drapeaux algériens. Photographie d'illustration.

Ce dimanche 3 septembre, soit cinq jours après le drame, le ministère algérien de la Défense a publié un communiqué relatif au meurtre de deux vacanciers marocains près de Saïdia. Si Alger reconnait l’assassinat, elle donne une version pour le moins biaisée des faits.

Le 03/09/2023 à 18h26

Les autorités algériennes sortent de leur silence s’agissant du meurtre de deux vacanciers marocains (un Franco-Marocain et un Marocain résidant en France) près de Saïdia, dans les eaux territoriales algériennes. Dans un communiqué publié ce dimanche 3 septembre, le ministère algérien de la Défense reconnaît l’assassinat. Cinq jours après les faits, qui se sont produits, de l’aveu même dudit ministère, le mardi 29 août.

Que nous apprend l’armée algérienne? «Lors d’une patrouille de sécurisation et de contrôle au niveau de nos eaux territoriales, une unité des Garde-côtes, relevant de la Façade Maritime Ouest/2ème RM, a intercepté, dans la soirée du mardi 29 août 2023 à 19H47, trois (03) jet-skis ayant franchi clandestinement nos eaux territoriales. Après avoir lancé un avertissement sonore et les avoir sommés de s’arrêter à plusieurs reprises, les mis en cause ont refusé d’obtempérer et ont pris la fuite en effectuant des manœuvres dangereuses», lit-on dans le communiqué.

Ceci, alors que Mohamed Kissi, le seul survivant ayant réussi à échapper aux tirs et regagner les côtes marocaines vivant a précisé au 360 que les jet-skieurs étaient en panne de carburant et qu’ils ne pouvaient, donc, ni manœuvrer ni fuir. Le rescapé a échappé à la faveur de la nuit en tractant à la nage sa moto dans la direction que lui a indiquée son frère Bilal avant d’être tué par la marine algérienne.

La justification de cette intervention est aussi lamentable que fausse: «Compte tenu que cette région maritime frontalière enregistre une activité accrue des bandes de narcotrafic et du crime organisé, et devant l’obstination des passagers desdits jet-skis, les personnels des Garde-côtes ont procédé à des tirs de sommation.» Mohamed Kissi, lui, est catégorique: «Il n’y a eu aucun tir de sommation», nous a-t-il relaté, précisant que son défunt frère avait même eu des échanges avec les garde-côtes algériens, mettant en évidence que les vacanciers n’étaient ni armés ni dangereux.

Cela n’empêche pas l’armée algérienne de poursuivre. «Après plusieurs tentatives, des coups de feu ont été tirés, contraignant un des jet-skis à s’immobiliser, alors que les deux autres ont pris la fuite», ajoute le communiqué.

Évasive sur le décès de Bilal Kissi, dont le corps flottant a été repêché dans les eaux territoriales marocaines et enterré jeudi dernier à Bni Drar, l’armée algérienne ne pipe pas mot sur le sort du Franco-Marocain Ismaïl Snabi, arrêté et détenu en Algérie. Elle ajoute néanmoins que le mercredi 30 août 2023 à 17h, «lors d’une autre patrouille des Garde-côtes, un cadavre de sexe masculin non identifié a été repêché, présentant un impact de balle par arme à feu». Le cadavre (d’Abdelali Mchiouer) a été transféré vers la morgue de la polyclinique de Marsa Ben M’hidi à Tlemcen, précise le ministère algérien de la Défense.

Par Tarik Qattab
Le 03/09/2023 à 18h26