Le chef du gouvernement a appelé les parlementaires, mardi, à adopter dans les plus brefs délais le projet de loi relatif à la langue amazighe. L’Exécutif a élaboré deux projets de lois organiques, le premier définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazigh et le second ayant trait au Conseil national des langues et de la culture marocaine, a notamment rappelé El Othmani, renvoyant, ainsi, la balle dans le camp des parlementaires, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 21 juin. El Othmani a également laissé entendre que la poursuite de l’examen de ces deux textes était à même de rouvrir le débat sur la question.
En attendant, affirme le chef de l’Exécutif cité par le journal, le gouvernement a pris une série de mesures procédurales portant sur le développement des langues et de la culture marocaine, et ce en s’inspirant de la stratégie adoptée dans l’enseignement des langues. Ainsi, explique-t-il, le plan d’action du gouvernement pour la période 2017-2021, dans le domaine de l'enseignement des langues, met l'accent sur l’enseignement de trois langues dans le primaire, soit l’arabe et l’amazigh comme langues officielles et le français comme langue d'ouverture. A ces trois langues s’ajoutera, à moyen terme, l’anglais, qui sera enseigné à partir de la quatrième année du primaire. Plus tard, une autre langue étrangère laissée au choix des élèves sera enseignée à partir de la première année du secondaire qualifiant, précise le journal.
Par ailleurs, a notamment précisé El Othmani, dans la perspective de la généralisation progressive de la langue amazighe en tant que langue obligatoire dans l'enseignement primaire, des mesures portant sur l’élaboration du programme scolaire de la langue amazighe, avec ses composantes linguistiques et lexicales, seront prises en partenariat avec l’IRCAM en veillant, bien sûr, à former un nombre suffisant d'enseignants pour remédier au manque d'effectif dans ce domaine.
A ce propos, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, depuis le début de son intégration en 2003, l’amazigh est enseigné dans plus de 4.200 établissements, au profit de plus de 500.000 élèves. Ces derniers sont encadrés par quelque 5.000 enseignants, dont 414 professeurs spécialisés, lauréats des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation, en plus de 150 enseignants en formation et 21 inspecteurs.
Par ailleurs, affirme le journal, le chef du gouvernement a édité une circulaire ouvrant la voie à l'enseignement de la langue amazighe dans certains instituts supérieurs. Il s'agit de l'Institut supérieur de l’information et de la communication, de l’Institut des métiers de l’audiovisuel et du cinéma et de l’Ecole nationale supérieure de l’administration. La circulaire prévoit l'introduction de programmes de formation en langue amazighe, en étroite coordination avec l’IRCAM. Dans une deuxième étape, cette langue sera enseignée à l’Institut supérieur des arts du théâtre et d’animation culturelle, l’Institut des sciences archéologiques et du patrimoine et l’Institut supérieur de la magistrature.
Le chef du gouvernement, rapporte pour sa part le quotidien Al Akhbar dans son numéro du même jour, a dû faire face, lors de cette séance des questions de politique générale, à des critiques virulentes, aussi bien de la part de l’opposition que des partis de sa propre majorité. Certains parlementaires de la majorité sont même allés jusqu’à accuser l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, de mépriser la langue et la culture amazighes.
En outre, le groupe parlementaire du MP s’est dit navré de voir que le gouvernement a négligé, pendant huit ans, cette question de première importance qu’est la concrétisation de l’officialisation de l’amazigh. De plus, les deux projets de lois organiques évoqués par El Othmani ont été préparés à la hâte, sans véritable consultation des acteurs associatifs concernés. Ils sont d'ailleurs actuellement gelés au Parlement, a souligné le groupe parlementaire du MP.