Lahlimi dans le collimateur de El Ouafa

Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. Le ministre des Affaires générales, Mohamed El Ouafa, s'en prend au Haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi, et qualifie sa dernière sortie de dangereuse.

Le 25/01/2014 à 07h22

Mohamed El Ouafa, ministre des Affaires générales, n'a pas trouvé de bon goût la dernière sortie médiatique du Haut commissaire au plan. Ahmed Lahlimi, lors d'une conférence de presse, avait en effet fait état de prévisions économiques moroses, remettant ainsi en question celles du gouvernement Benkirane pour l'année 2014. Akhbar Al Ayoum, dans sa édition de ce samedi 25 janvier, avance que El Ouafa s'est "même plaint auprès de Benkirane pour savoir si Lahlimi l'avait informé de cette conférence de presse tenue jeudi". La sortie de Lahlimi a été évoquée, lors du dernir conseil du gouvernement, tenu le jour même, ajoute le quotidien. "El Ouafa considère, d'après Akhbar Al Yaoum, de très dangereuse l'attitude de Lahlimi, accusant ce dernier de viser Benkirane et de porter atteinte à l'économie nationale". "Si j'étais le chef de gouvernement, je laisserai Lahlimi agir à sa façon en dépit du soutien dont il veut se prévaloir", a déclaré le ministre des Affaires générales.

Dans une déclaration sur l'antenne de la radio Aswat, El Ouafa a ajouté en ironisant qu'il n'a pas froid aux yeux pour répondre à Lahlimi. "Il n'y a pas de haut ni de haute commissaire au plan dans ce genre de comportement".

D'après ce quotidien, Lahlimi a quelque peu apaisé les critiques qui lui ont été adressées en affirmant que le HCP est le seul à pouvoir "se doter des moyens de réaliser de telles prévisions, estimant que ces indications ont toujours suscité des réactions identiques de la part des gouvernements". Il nie avoir eu l'intention de viser le chef du gouvernement. "Il est infondé de dire que nous manoeuvrons contre le gouvernement de Benkirane. Mes relations avec Benkirane sont bonnes et je souhaite de tout coeur que ce gouvernement réussisse", a affirmé le patron du HCP.

Al Ahdath Al Maghribiya rapporte, pour sa part, que les chiffres de Lahlimi ont provoqué la colère du gouvernement. Interrogé par le quotidien, El Ouafa ne mâche pas ses mots : "J'attends le retour de Benkirane du forum de Davos pour prendre des mesures contre Lahlimi". Selon le quotidien, il a été ainsi décidé de répondre d'une manière scientifique et point par point après le retour de Benkirane".

Al Massae, quant à lui, évoque dans son numéro de fin de semaine la "guerre des chiffres empoisonnés entre le Haut commissariat au plan et le gouvernement". "Ces chiffres restent éloignés l'un de l'autre puisque le HCP avance un taux de croissance qui ne dépassera pas 2,4% alors que celui du ministère des Finances s'élèvé à 4% avec le maintien à 9% du taux de chômage", rappelle ce quotidien. "Cette différence entre les deux taux de croissance est énorme dans le monde de l'économie. Elle place le pays dans une situation où la confiance esr ébranlée", a conclu Al Massae.

HCP vs gouvernement, le bras de fer répétitif

Depuis l'arrivée du gouvernement de Benkirane, le HCP n'hésite pas à sortir souvent de son silence pour secouer le cocotier gouvernemental. Est-ce une façon de remettre l'Exécutif sur la bonne voie ou y-a-t-il un autre objectif inavoué ? La question est légitime, d'autant plus que la guerre entre ces deux institutions s'est déplacée jusque dans l'enceinte du Parlement. La sortie jugée tonitruante de Lahlimi ne plait pas, c'est sûr, le gouvernement estimant que le HCP donne un signal erroné à la société et aux décideurs économiques. Il est incontestable que les Marocains ont besoin en cette période de vaches maigres d'un encouragement et d'une lueur d'espoir. Aussi, les Marocains ne veulent recevoir qu'une seule et vraie lecture objective liée aux prévisions économiques. Ni deux, Ni trois, Ni quatre. Beaucoup s'accordent aussi à dire que de toutes celles réalisées jusqu'à présent, celles de Bank Al-Maghreb paraissent les plus crédibles.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 25/01/2014 à 07h22