La fièvre du troisième mandat, qui avait fait couler beaucoup d’encore dans le champ politique national, s’empare du paysage syndical. Et c’est l’Union marocaine du travail (UMT), qui se trouve aujourd’hui au cœur de la polémique à l’occasion de l’organisation de son douzième congrès national en vue de renouveler ses instances dirigeantes.
A l’approche de ce congrès, prévu les 15, 16 et 17 mars, la polémique enfle sur un troisième mandat de l’actuel secrétaire général de la centrale syndicale, Miloudi Moukharik. Selon le quotidien Akhbar Al Youm, qui se penche sur ce sujet dans son édition du weekend des 23 et 24 février, la direction de l’UMT est divisée sur ce troisième mandat. Des leaders de la commission administrative, instance exécutive suprême de la centrale syndicale, sont montés au créneau pour protester contre le gel des activités de cette instance mise en place par le onzième congrès.
Cette instance, précisent les sources du quotidien, avait pour mission de mettre en place un comité de contrôle et de gestion des finances de l’UMT et un comité des lois et d’arbitrage. Ces comités n’ont pas été créés en vertu des recommandations du onzième congrès, à l’instar du règlement intérieur de l’UMT. Cet état de fait a poussé des leaders de la commission administrative à demander l’application des lois en vigueur et l’audit des finances de l’UMT. Ces voix exigent un audit et une application stricte des lois, tandis que d’autres, notamment du secrétariat national de l’UMT, affirment qu’un troisième mandat pour Miloudi Moukharik est un fait accompli puisqu’il est seul dans la course pour s'auto-succéder.
Toutefois, poursuit le quotidien, d’autres voix au sein de la centrale syndicale font savoir que la question d’un troisième mandat pour Moukharik serait une violation des lois. Et de préciser que tout prolongement de mandat ne devait intervenir qu’à la suite d’une correspondance du secrétariat national à propos des réformes des statuts de l’UMT deux mois avant la date du congrès, chose qui n’a pas été faite.
Le quotidien arabophone, qui a tenté de rapporter la version de Moukharik, ajoute que les causes de cette colère contre le secrétaire général de l’UMT s’articulent autour de l’absence de démocratie interne, d'élections au sein de plusieurs secteurs et d'unions locales et nationales relevant de la centrale syndicale.
De même, depuis 2014, la commission administrative n’a pas tenu de réunion et la commission des finances n’a pas été élue conformément aux statuts validés lors du dernier congrès. Cela, indiquent les sources du quotidien, a poussé des leaders de la commission administrative à saisir officiellement la cour des comptes en vue d’auditer les comptes de l’UMT. Par ailleurs, ajoutent les sources du quotidien, les préparatifs vont bon train pour tenir le congrès. Mais des voix protestataires s’élèvent en parallèle dénonçant la manière dont les choses sont menées. Ainsi, deux clans s’affrontent autour des commandes de la centrale syndicale. Quelle que soit l’issue de ces affrontements, c’est l’image de l’action syndicale qui se trouve ternie.