La coopération judiciaire entre le Maroc et la France mise encore à l’épreuve

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Revue de presseKiosque360. La convocation, par une juge française, de journalistes marocains travaillant pour des médias marocains, crée des tensions. Cette décision, jugée inacceptable, touche à la souveraineté du Maroc.

Le 04/09/2018 à 19h19

Après l’avoir déjà été en 2014, la coopération judiciaire entre le Maroc et la France est de nouveau mise à l’épreuve. Dans son édition du mercredi 5 septembre, Al Ahdath Al Maghribia revient sur cette convocation par une juge de l’Hexagone de quatre journalistes marocains travaillant pour des médias marocains, une affaire qui touche à la question de la «souveraineté nationale du Maroc».

La publication, qui rappelle d’abord les faits, indique que quatre journalistes marocains ont été convoqués par une juge française pour comparaître, le 8 octobre, dans le cadre d’une affaire de diffamation enclenchée par l’ancien officier militaire Mustapha Adib. Cette convocation, ajoute le journal, a fait réagir le ministère marocain de la Justice qui aurait protesté, jugeant qu’une convocation directe de citoyens marocains par la justice française va à l’encontre de l’accord de coopération judiciaire conclu par les deux pays. Cet accord stipule qu’une convocation de ce genre doit se faire à travers le cycle diplomatique et via le ministère marocain de la Justice.

La même source ajoute que les quatre journalistes concernés, dont deux directeurs de publication, ont été surpris de recevoir cette citation à comparaître. Adil Lahlou déclare ainsi que ce genre d’affaires relève des prérogatives de la justice marocaine, vu qu’elle oppose des ressortissants marocains, dont l'un réside en France et les autres au Maroc. Pour l’intéressé, il semblerait que la juge qui a signé la convocation a également fait fi de l’accord de coopération judiciaire entre les deux pays.

Même son de cloche chez les autres personnes convoquées, qui s’étonnent qu’une justice autre que celle de leur pays les cite à comparaître pour, qui plus est, une affaire n’ayant aucune base et au mépris des procédures en vigueur dans ce genre de cas.

Citant un communiqué diffusé par deux des journalistes «convoqués», Al Ahdath Al Maghribia rappelle que cette affaire est étroitement liée à la souveraineté du royaume, la justice d’un pays, ses tribunaux et ses procédures judiciaires.

Le journal évoque enfin la réaction du syndicat national de la presse qui juge inacceptable que la justice française, quand bien même elle disposerait d'éléments justifiant la convocation de journalistes marocains exerçant au Maroc et dans des médias marocains, outrepasse les procédures réglementaires en vigueur, le syndicat faisant également référence à l’accord de coopération judiciaire entre la France et le Maroc. La même source relève que ce genre d’écart procédural est dangereux pour la liberté de la presse, dans le sens où cela permet à n’importe quelle personne de traîner les journalistes d’un pays devant la justice de n’importe quel autre pays.

Par Fayza Senhaji
Le 04/09/2018 à 19h19